Tahiti, l’île de la Nouvelle-Cythère
Située à 7 900 km du Chili et à 5 700 km de l’Australie, c’est l’île la plus célèbre des mers du sud. Découverte par l’explorateur anglais Samuel Wallis en 1767, Tahiti est surnommée comme la Nouvelle-Cythère par Louis-Antoine de Bougainville qui y séjourne un an plus tard. C’est dans son Voyage autour du monde que le navigateur français évoque la légende de l’île de Cythère dans la mer Égée, qui aurait vu la naissance d’Aphrodite, déesse antique de l’amour. Deux siècles plus tard, Tahiti enflamme toujours l’imaginaire des touristes du monde entier.
Berceau du patrimoine historique et culturel polynésien
Pourtant, la plus peuplée, la plus haute et la plus grande des îles de Polynésie française n’est pas celle qui incarne le mieux l’image que l’on se fait du paradis, avec son lot de clichés de lagon bleu, de vahinés et de plages de sable blanc. Tahiti recèle d’autres trésors bien plus authentiques à qui sait les apprécier. Il suffit de sortir des sentiers battus pour découvrir ses vallées intérieures luxuriantes, sa presqu’île sublime et sauvage, ses routes côtières bordées de bougainvillées, Teahupoo, la vague mythique des surfeurs et ses plages de sables noirs d’origine basaltique. Dans ses eaux cristallines, il n’est pas rare de croiser tortues, requins, dauphins et baleines à bosse. Culminant à 2 241 mètres, Tahiti est une île encore jeune. D’origine volcanique, cette île haute et montagneuse s’enfonce progressivement dans le manteau terrestre.
Berceau du patrimoine historique et culturel, l’île est par ailleurs un passage obligatoire pour sentir vibrer l’identité polynésienne.
Un climat tropical maritime
Le climat tropical maritime est marqué par deux saisons. La saison des pluies, de novembre à avril, est marquée par des températures plus élevées avec des pics à 31 °C et des précipitations beaucoup plus fréquentes. De mai à octobre ; la saison sèche offre des températures plus agréables, entre 22 °C et 27 °C en juillet-août. Les vents dominants sont les alizés (vents d’est) et le maaramu (sud-est) souffle plus fort pendant la saison sèche.
Un faible marnage
Il faut savoir qu’il n’y a pratiquement pas de marée à Tahiti et sur les autres îles du territoire polynésien qui se trouve, fait rare au niveau international, sur un point océanique, appelé point amphidromique, où l’effet de marée causée par la lune est quasiment nul.
Politique des autorités locales en faveur du développement durable
Conscients de l’incroyable richesse sous-marine et du patrimoine naturel unique qu’ils possèdent, les Polynésiens ont à cœur de préserver leur environnement.
Un sanctuaire pour les mammifères marins et une loi pour protéger les requins
La politique du gouvernement local est particulièrement active dans le domaine de la protection des espèces menacées et des récifs coralliens. Depuis mai 2002, la Polynésie française est devenue un sanctuaire pour les mammifères marins, et depuis 2006, l’un des premiers pays au monde à protéger sa population de requins, menacés par la pêche aux ailerons. Les tortues sont également protégées par la loi, mais les efforts doivent être poursuivis pour faire cesser définitivement le braconnage.
La biodiversité marine sous haute surveillance
La Polynésie possède à elle seule près de 12 800 km de récifs coralliens dont l’évolution est mesurée chaque année par divers organismes scientifiques, dont entre autres l’Ifrecor, afin de s’assurer de leur bonne santé. Par ailleurs, le Criobe, qui est l’unité scientifique de recherche fondée en 1971 par l’École Pratique des Hautes Études (EPHE), fait aujourd’hui partie du réseau national des stations marines françaises du CNRS (Centre national de recherche scientifique), et du réseau Observatoire de l’environnement INSU. Sa vocation est de permettre une meilleure compréhension des récifs coralliens, à travers la diffusion et vulgarisation de travaux de recherche fondamentale et appliquée, tout en participant à la formation scientifique des chercheurs par immersion pratique.
Enfin, le Centre Polynésien de Recherche et de valorisation de la Biodiversité Insulaire (CPRBI) a été fondé en 2010 suite à un accord tripartite entre l’Université de Polynésie française (UPF), l’Institut Louis Malardé (ILM) et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Des équipes sont rassemblées depuis 2009 sur le site de l’IRD d’Arue (côte est de Tahiti), spécialisées en chimie, biologie moléculaire et marine et microbiologie, autour d’un programme de recherches portant sur « la biodiversité terrestre et marine : valorisation des ressources naturelles et gestion des risques ». Plus de 30 chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants disposent de laboratoires et d’équipements scientifiques rénovés grâce au soutien de l’État et de la Polynésie.
Diminution de la biodiversité terrestre
Avec 495 espèces de plantes indigènes, Tahiti concentre près de la moitié de la diversité de la flore de l’archipel polynésien. La majorité des 224 plantes endémiques de l’île est située dans les hauteurs, entre 600 et 1 500 m d’altitude. La riche biodiversité de Tahiti subit pourtant une grave diminution liée à l’urbanisation, aux pollutions, au manque d’épuration de l’eau, à la surexploitation des ressources halieutiques, mais aussi à l’introduction d’espèces invasives et notamment le « Miconia calvescens », véritable fléau végétal introduit sur l’île en 1937, qui menace plus de 70 plantes endémiques de l’île.
Collecte et traitement des déchets
En Polynésie, 500 kg de déchets ménagers sont émis chaque année par habitant contre 400 kg en moyenne en France métropolitaine. Une production en constante augmentation avec l’accroissement de la population et le changement des habitudes de consommation qui constitue un problème dans les zones urbanisées et les milieux touristiques où le manque d’infrastructures fait défaut. Un programme de gestion des déchets a été mis en place en 1997 pour favoriser la collecte sélective des recyclables. Depuis 2003, le centre de recyclage et de transfert de Motu Uta à Papeete envoie papiers, carton, verre, aluminium, fer et plastiques par bateau vers les pays voisins du Pacifique. Quant aux déchets non recyclables, ils sont traités par le Centre d’enfouissement technique de Paihoro depuis l’an 2000. Enfin plus de 550 points d’apport volontaire ont été mis en place sur 33 îles dans les stations-service, les magasins ou les mairies pour recevoir des déchets ciblés.
Concernant les déchets verts, s’ils sont biodégradables et peuvent faire l’objet d’une valorisation par compostage, leur stockage en fond de vallée par les communes ne disposant pas de moyens financiers, participe à la formation de décharges sauvages incontrôlées.
Traitement des eaux usées
Afin d’améliorer l’assainissement collectif des eaux usées de Tahiti, deux nouvelles stations sont en cours de construction à Faa’a et à Papeete dont l’absence se fait cruellement sentir, et devrait fonctionner comme la station d’épuration collective de Punauia basée sur un traitement physico-chimique. La réglementation polynésienne impose le traitement des eaux usées pour chaque construction individuelle et cela est valable pour les pensions de famille et les hôtels dont l’ouverture est conditionnée à l’existence d’un système d’assainissement aux normes. Dans une perspective de développement durable, le pays s’oriente vers la mise en œuvre de projets novateurs de recyclage de l’eau basé sur un traitement tertiaire des eaux par nanofiltration pour permettre une réutilisation pour les réseaux d’arrosage des hôtels et espaces verts des communes comme à Bora-Bora. De nouvelles réglementations sont en cours pour rendre systématique la récupération de l’eau de pluie, ainsi que sa filtration, son stockage et son utilisation en tant qu’eau non potable.
Des prises en charge partielles ou des systèmes de défiscalisation sont proposés pour inciter les structures hôtelières à investir dans des systèmes épuratoires conformes. La surveillance des rejets est assurée par le centre d’hygiène et de salubrité publique qui vérifie la qualité bactériologique des eaux de baignade dont les résultats des analyses peuvent être consultés sur le site.
Utilisation durable de la mer
Avec ses cinq millions de kilomètres carrés de surface maritime, représentant 47% de la ZEE française, la mer représente un enjeu majeur pour la Polynésie française. De nombreux partenariats ont notamment vu le jour avec les Pôles Mer Bretagne et Mer PACA dans des domaines émergents tels que l’aquaculture, l’exploitation de la biodiversité marine, les biotechnologies bleues et les énergies marines renouvelables. Une expertise polynésienne existe déjà en matière de production d’air conditionné par l’eau froide captée en profondeur dont bénéficie pour l’instant un hôtel à Bora-Bora. Un projet de centrale d’énergie thermique des mers, porté par une entreprise locale, est en bonne voie tandis que des projets d’hydroliennes exploitant les courants de passe des atolls sont en cours d’étude.
Une destination idéale pour les sports nautiques
Va’a
Le sport local incontesté le plus pratiqué est le va’a, une pirogue traditionnelle à balancier unique. Le va’a peut se pratiquer seul ou par équipe de 3, 6 ou 12. Il est fréquent d’observer, au lever et au coucher de soleil, des équipes s’entraîner au large des côtes tahitiennes en vue de la grande course d’Hawaïki Nui.
Surf
Le surf figure également parmi les activités sportives les plus prisées des Polynésiens. Si l’on peut pratiquer le surf dans les cinq archipels, les spots les plus réputés se trouvent dans les îles de la Société. Le village de Teahupo’o situé sur la Presqu’île de Tahiti Iti, est mondialement connu grâce à sa vague de récif tubulaire massive et puissante. À Tahiti, il existe plusieurs spots accessibles selon les niveaux. Plusieurs écoles de surf proposent des cours particuliers ou collectifs. Sur la côte-ouest, Taapuna est fréquenté par les surfeurs confirmés qui apprécient sa vague de récif. Pour les débutants, les spots de Papeno à la pointe Vénus, sur la côte est, et de Papara, sur la côte-ouest, ont l’avantage de présenter des beach-breaks.
Kitesurf
Apparu dans les années 1990, le kitesurf est devenu très populaire. Il se pratique un peu partout en Polynésie, mais principalement à la Pointe Vénus et à proximité de l’Isthme de Taravao où l’on peut observer les sauts et figures spectaculaires depuis la côte.
Plongée sous marine
Tahiti et ses îles sont également considérés comme une destination plongée haut de gamme pour la richesse de la biodiversité marine et pour ses eaux chaudes et translucides. Si les Tuamotu sont considérés à juste titre comme la Mecque des plongeurs, Tahiti mérite aussi le détour. Que ce soit à l’intérieur du lagon, le long de tombants vertigineux, dans l’intimité de grottes et de failles ornées de magnifiques gorgones ou à l’intérieur d’épaves, les plongeurs ont accès à une grande variété de sites fréquentés par près de 800 espèces de poissons multicolores et multiformes. Les poissons de récifs, papillons, chirurgiens et autres chaetodons butinent autour des patates de corail, tandis que les espèces pélagiques, requins, raies léopard et pastenague, barracudas et autres carangues, se rencontrent près des passes, sur les versants extérieurs et au large.
Évènements nautiques
Hawaiki Nui
L’Hawaiki Nui, la grande course de va’a, est incontestablement l’évènement sportif majeur de la Polynésie française. Il se déroule chaque année entre octobre et novembre entre les îles de Huahine, Raitea, Tahaa et Bora-Bora. Cette course de pirogue en haute mer et en lagon se pratique avec des V6, des va’a à 6 places comprenant cinq rameurs et un barreur. Rendez-vous sportif local important, l’Hawaiki Nui est devenue un évènement touristique d’envergure internationale. La compétition, qui comptait 34 pirogues en bois lors de la première édition en 1992, rassemble aujourd’hui plus de 150 va’a en matériaux composites et des centaines de rameurs du monde entier.
Tahiti Pearl Regatta
La Tahiti Pearl Regatta surnommée la TPR est l’une des plus grandes régates du pacifique. Initiée en 2003, elle se déroule chaque année en mai et attire une quarantaine de navires sur des plans d’eau exceptionnels.
Le parcours de la course permet de découvrir les îles de Raiatea, la plus grande base nautique de Polynésie française, et Tahaa qui partage le même lagon et, d’une année sur l’autre, Bora-Bora ou Huahine.
Elle est ouverte à tous types de bateaux, de toutes nationalités, alliant des étapes en haute mer et des étapes sur le lagon. Plusieurs compétitions sont programmées :
- Le trophée TPR (Monocoques & Multicoques) divisé en deux catégories HN1 et HN2.
- Le défi pro (entreprises/incentive) distinguant les navires qui participent aux couleurs d’une entreprise.
- Le trophée Henri Dejust (pirogues à voiles) qui réalisent uniquement les épreuves lagonnaires.
- Le programme festif de la TPR est aussi intense que son parcours sportif avec au programme des jeux, dégustations de mets locaux, BBQ sur des motu, chants et danses traditionnelles…
Contexte économique
La Polynésie française possède une économie moyennement développée, dépendante de l’importation de biens, du tourisme et de subventions financières de la part de la France.
Tourisme
Principale source de devises, le tourisme a rapporté 347,7 millions d’euros de recettes en 2004. Passage obligé lorsqu’on arrive en Polynésie française, Tahiti est par conséquent l’île la plus visitée par les touristes. Ainsi près de 90% des touristes qui sont venus en Polynésie en 2004 ont visité Tahiti.
Les statistiques de capacité hôtelière témoignent aussi du poids de l’île dans le secteur touristique local puisque près de 40% des chambres d’hôtel polynésiennes sont implantées à Tahiti. Tahiti a donc été d’autant plus touchée par la crise que subit ce secteur depuis près de 10 ans. Entre 2006 et 2009, la fréquentation touristique a chuté de près de 28% et le phénomène ne fait que s’accentuer depuis. On peut d’ailleurs observer le faible taux d’occupation de la grande majorité des complexes touristiques sur les îles les plus importantes.
Perliculture
En tête des exportations, la perliculture, deuxième activité économique du territoire qui contribue à maintenir des emplois dans l’ensemble de l’archipel, suivie par la pêche et l’agriculture.
L’Ifremer suit de près la production perlicole et mène de front divers travaux scientifiques dont l’un d’entre eux consiste à améliorer la qualité de la perle par utilisation de la biologie moléculaire dans le but de rendre la filière plus compétitive. Un système permet de mesurer avec précision l’interaction des écosystèmes marins avec l’huître Pinctada Margaritifera et favorise ainsi la sélection d’huîtres donneuses de greffons qui permettront d’augmenter les qualités recherchées.
Des solutions ont été mises au point dans le but d’assurer la mutation génétique de l’huître pour obtenir des greffons qui génèreront les couleurs recherchées avec une période d’incubation de la perle raccourcie.
Aquaculture et pisciculture
L’aquaculture est un secteur en plein développement et est fortement soutenue par le gouvernement local, et notamment l’élevage de crevettes, dont la production annuelle s’élève à près de 50 tonnes. Sans aucun agent conservateur, elles sont proposées fraîches sur le marché local.
La pisciculture lagonaire existe depuis moins longtemps, mais représente un potentiel économique attractif. Elle concerne essentiellement des écloseries de loup tropical (lates calcarifer), et des travaux sont menés depuis 2006 par le service de pêche polynésien et l’Ifremer pour un élevage durable du poisson-lune (platax orbicularis), sélectionné pour ses performances, sa haute valeur ajoutée et ses qualités gustatives.
Ce poisson qui se raréfie dans les lagons connait une forte notoriété auprès des consommateurs polynésiens et chinois et l’aquaculture s’avère être une solution durable pour le sauvegarder. Le marché actuel est estimé à 60 tonnes.
Pêche
Longtemps resté au stade artisanal, le secteur de la pêche en Polynésie française a connu une profonde mutation au début des années 1990 avec l’essor d’une filière hauturière. La capacité de la flotte a notamment été doublée et des dispositifs de concentration de poissons ont été installés à différents points stratégiques autour de plusieurs îles afin d’éviter la sur exploitation et de permettre aux petits pêcheurs d’exercer leur activité ailleurs que sur les zones récifales (zones de reproduction, nurseries, etc.) où la pression de la pêche peut diminuer.
La pêche à la ligne à l’unité et le fruit de la pêche s’en trouvent ainsi valorisés.
Aujourd’hui, la pêche polynésienne s’organise autour d’une pêche traditionnelle, orientée vers les marchés locaux et une pêche de type semi-industriel, essentiellement tournée vers les marchés extérieurs. Plus de 400 tonnes de poissons ont été exportées en 2008 principalement vers les USA et le Japon.
Agriculture
Principale région maraîchère du territoire, Tahiti joue un rôle essentiel au niveau de l’agriculture vivrière de Polynésie. L’île produit près de 80% des légumes polynésiens à savoir taro, patate douce, bananes fei, salades, concombres, choux, tomates… Les deux tiers de l’élevage bovin et l’unique élevage de poulets sont concentrés à Tahiti qui produit également du coprah, du bois, de l’huile de Monoï, de la vanille et du nono (morinda citrifolia)…
Une histoire marquée par les premiers navigateurs polynésiens et les explorateurs européens
L’histoire de Tahiti a été marquée tout d’abord par le peuplement de l’île par les navigateurs polynésiens, d’origine austronésienne, puis par la découverte de l’île par les explorateurs européens.
Particularités culturelles de la destination
Depuis plusieurs années, les chercheurs considèrent que les Polynésiens sont les descendants des peuples dits « lapita », originaires de l’Asie insulaire du sud-est.
Une hypothèse plus précise, depuis les dernières études et recherches sur les ADN, voit en Taiwan le foyer de diffusion des langues et de la culture austronésienne. Il existe en effet des similitudes culturelles troublantes avec la Polynésie et notamment au niveau de certains mots.
Avec plus de 270 000 habitants recensés en 2010, la population de la Polynésie a plus que doublé en 40 ans.
Elle représente près de 10% de la population totale de la France d’outre-mer.
Les habitants sont dispersés sur une étendue vaste comme l’Europe, mais avec seulement 3 670 km² de terres émergées, soit une densité de 74 habitants au kilomètre carré. Les îles de la Société concentrent près de 88% de la population globale et Tahiti à elle seule en concentre 70%.
D’après le Conseil Économique, Social et Culturel, la population se répartie en 4 groupes ethniques :
- La communauté maohi (65%).
- La communauté des demis (16%) issus de mariages mixtes d’une culture europolynésienne.
- La communauté chinoise (5%) en provenance pour la plupart du Kwantung (province sud de la Chine) dès le premier quart du 20e siècle. Les Chinois de Tahiti ont officiellement acquis la nationalité française en 1974.
- La communauté popâa (12% dont 98% est françaises) est très présente dans l’administration et le milieu médical.