Exposée aux vents dominants, la côte Est est connue pour sa mer agitée et sa visibilité moyenne. Si elle n’est pas très accueillante au premiers abords, cette côte a pourtant beaucoup de succès auprès des plongeurs qui apprécient particulièrement ses sites sauvages et pittoresques offrant ce goût d’aventure tant recherché.
Des sites foisonnants de vie et diversifiés à souhait
La passe de Belle Mare est le clou aquatique de la côte est pour les plongeurs avides de rencontres et de sensations fortes. La plongée consiste à se laisser dériver avec les courants rentrants à marée basse à travers la passe. Outre l’impression enivrante de voler au-dessus des massifs coralliens, canyons et éboulis, cette immersion est surtout l’occasion de rencontrer une multitude de prédateurs qui rôdent dans la passe en quête d’un déjeuner. Il n’est pas rare de croiser le chemin de barracudas, capitaines, carangues, thons, raies aigle ou encore de requins pointes-blanches ou de récif… Plus loin sur le côté extérieur nord de la passe, la forêt des Gorgones est réputée pour son ambiance onirique. Située entre 22 et 33 mètres, le site s’adresse aux plongeurs confirmés qui y apprécient particulièrement la bonne visibilité, plutôt rare sur la côte Est exposée aux vents dominants. Les plongeurs explorent un plateau recouvert de colonies de gorgones oranger où s’épanouissent perroquets, poissons flûte, anthias, nasons, cochers, fusiliers, diodons et autres labres. En faisant bien attention à leurs mouvements, les plongeurs se glissent délicatement entre les ramifications dentelées de ces animaux-fleurs qui se déploient comme des éventails. Les amateurs de photos sont comblés par ce site tout comme par le jardin japonais, un site plus accessible où la vie corallienne est en ébullition permanente. Les plongeurs se baladent sur un plateau entre 16 et 22 mètres où anges, papillons, girelles, chirurgiens, balistes, mérous murènes, perches d’or, nudibranches vivent en harmonie. Le site mérite également le détour pour le bon état de santé et la variété de ses coraux : aux tapis de coraux de feu se succèdent ceux de coraux-cerfs tandis qu’émergent de temps en temps de magnifiques coraux tabulaires.
Le centre Blues Diving de l’hôtel Belle Mare Plage
Ouvert sept jours sur sept, le centre Blues Diving se distingue par son emplacement en face d’une des plus belles plages de l’île et par sa structure particulièrement bien conçue et accueillante. Les plongeurs disposent de grands bacs de rinçage et de deux douches (dont une avec de l’eau chaude !) en plein air pour se rincer et peuvent, comble du luxe, laisser sécher leur équipement dans la petite cours intérieure. Jeunes et enthousiastes, les moniteurs mauriciens accueillent les plongeurs débutants ou confirmés et leur propose des initiations en piscine ou en lagon, des explorations sur les sites exceptionnels de la côte Est ou des formations CMAS ou PADI. Un programme spécial enfant est également proposé. Jean-Michel Langlois gère ce centre depuis son ouverture en novembre 2002, ainsi que trois autres centres qui font partie de la même enseigne Blues Diving. Après avoir fait ses premières bulles en 1978 et exploré les fonds marins de son île natale, Jean-Michel Langlois se lance dans l’aventure quelques années plus tard en ouvrant un premier centre de plongée. Il crée dans la foulée la MSDA, dont il a assumé la présidence de 1996 à 1998, avant d’avoir occupé le poste de président de la Commission Audiovisuelle de la fédération de plongée. Mais sa passion pour la mer, Jean-Michel l’a surtout exprime surtout au travers de ses reportages sur les fonds marins de l’océan indien et de la peinture subaquatique, qu’il a eu le privilège de découvrir auprès d’André Laban. En tant qu’artiste et plongeur, Jean-Michel est forcément engagé dans la préservation des fonds marins.
Des plongeurs engagés dans la protection des fonds marins
D’après Jean-Michel Langlois, le gouvernement prend la cause environnementale au sérieux, notamment sous la pression des associations écologistes, et multiplie les initiatives en ce sens. «La pêche sous-marine est totalement interdite dans les eaux mauriciennes depuis 1982, de même que la collecte de coquillages» rappelle ce plongeur passionné qui avoue que les lois ne sont pas pour autant toujours appliquées. C’est pourquoi la MSDA soutient la création des parcs marins auprès du Ministère de l’environnement et de l’Albion Fisheries Research Center, qui est chargé de la gestion des aires marines protégées du pays. Blue Bay est le premier parc marin de l’île Maurice. Situé sur la côte sud-est de l’île, il couvre une superficie de 353 hectares de mer et compte des massifs coralliens spectaculaires, ainsi que 72 espèces de poissons. Les activités humaines y sont contrôlées depuis 1997 afin de préserver cet écosystème corallien exceptionnel.
Le gouvernement a par ailleurs autorisé la MSDA à immerger des épaves pour attirer les plongeurs et permettre le développement de la faune et flore fixée. «Entre 1980 et 1995, pas moins de 14 épaves ont été immergées tout autour de l’île à l’exception de la côte est orientée sous le vent» précise Jean-Marc Cangy, président de la MSDA. Il s’agit pour la plupart de chalutiers chinois, japonais ou coréens qui rouillaient dans les ports de l’île. «Il a suffit de quelques années pour que les épaves soient colonisées par de multiples espèces de coraux et de poissons et on peut dire aujourd’hui que l’opération est un vrai succès».
Les centres de plongée ont également soutenu les projets de préservation des récifs coralliens menés par la Mauritius Marine Conservation Society et la Reef Conservation en les aidant entre autres à fixer des bouées d’ancrage permanent sur les sites sous-marins. Une soixantaine de bouées ont ainsi pu être installées autour de Maurice et de Rodrigues sur les sites de plongée et/ou de snorkeling les plus fréquentés afin de limiter les dommages sur les récifs coralliens. Dans le but d’en mesurer l’efficacité, des suivis scientifiques sont régulièrement réalisés pour enregistrer les croissances de coraux et de populations de poissons. Des ardoises de suivis d’espèces de poissons benthiques et coralliens ont été développées pour permettre aux plongeurs et snorklers bénévoles de participer à ces programmes. Des cessions de formations ont également été organisées par l’ONG Reef Conservation avec l’aide des plongeurs qui se sont focalisés sur l’état de santé du corail et le nombre d’espèces clé de poissons, qui constituent deux indicateurs de l’évolution écologique des lagons. Pour les monitorings benthiques, les quadrats sont utilisés afin de mesurer le taux de couverture des coraux et d’autres organismes sessiles importants. Le quadrat est divisé en 100 cellules, chacune correspondant à 1% du total de la surface. La taille commune des populations de poissons coralliens est contrôlée grâce à une technique de recensement visuel appelé « belt transect », qui consiste à suivre un transect mesurant 50 mètres de long et 2 mètres de large, couvrant une superficie totale de 100 m2. Les données collectées sont ensuite distribuées aux parties prenantes tant au niveau local qu’international et servent dans le cadre des projets d’éducation et de restauration à montrer l’importance des récifs coralliens à Maurice et l’impact des activités humaines sur le lagon.