Découverte hors du temps dans une nature préservée
Visiter le domaine de l’Abbaye Maritime de Beauport, c’est profiter d’une promenade hors du temps. En regardant vers le large depuis les jardins, on peut admirer l’île de Saint Riom qui veille sur la baie depuis des temps immémoriaux. L’endroit est idéal pour laisser libre-court à son imagination ; on pense alors aux premiers ermitages et monastères implantés dans l’archipel, et on mesure le courage de ces religieux qui, aux 5e et 6e siècles, naviguèrent sur de frêles embarcations depuis l’Irlande et le Pays de Galles pour coloniser spirituellement ses îles et îlots.
Une incroyable variété de paysages
Plusieurs sentiers permettent aux visiteurs de profiter du site et de parcourir à pied les dizaines d’hectares entourant les bâtiments historiques. Se promener dans le domaine c’est découvrir une incroyable variété de paysages : prairies, roselières, prés salés, bois, étangs, ruisseaux, estran. La nature pourvoyait largement aux besoins physiologiques des différentes communautés qui se succédèrent sur ces riches terres. Poissons d’eau douce, de mer, gibiers, bois étaient à portée de mains. Différents aménagements furent mis en place tels que les potagers, champs, vergers qui permettaient de récolter légumes, céréales, fruits et d’élever quelques moutons. La création de rouissoirs permettait de produire la fibre de lin, tandis que les pêcheries sur Saint Riom ou sur l’estran permettaient la collecte de nombreuses espèces de poissons.
Un lieu stratégique pour la circulation des bateaux et des pèlerins
Lieu idéal de mouillage pour les bateaux, la baie de Paimpol et ses environs furent logiquement choisis pour implanter l’abbaye en ces lieux. La présence de nombreux havres permettaient ainsi la circulation des personnes et des biens par bateaux. Les religieux pouvaient voyager facilement pour assumer leur fonction qui s’exerçait jusqu’en Angleterre, tandis que le port servait aussi de point de départ pour les pèlerins voyageant vers Saint-Jacques de Compostelle. Ce fut l’un des trois points de ralliement bretons avec Locquirec et l’abbaye de la Pointe Saint Mathieu en Mer d’Iroise.
Une restauration exemplaire dans un esprit de développement durable
Depuis l’an 1200, l’Abbaye de Beauport a connu diverses fortunes. Après une époque faste où le rayonnement matériel, intellectuel et religieux de l’abbaye fut indiscutable, les temps furent plus difficiles au 18e siècle, à tel point que l’Abbaye ferma en 1790.
La dégradation des bâtiments, qui avait commencé au 17e siècle, s’accentua avec l’affectation des lieux pour des activités qui n’avaient plus grand-chose à voir avec celles de l’esprit : extraction du salpêtre, fabrication de toile, cidrerie, etc.
L’exaltation de l’esprit qui habitait jadis les lieux réapparaît
Il a fallu attendre 1992 et la prise en charge de l’abbaye par le Conservatoire du Littoral pour chasser les marchands du temple ! Débuta alors une restauration des bâtiments de grande qualité et une réhabilitation des terres et installations environnantes.
Le public a ainsi pu redécouvrir les lieux une dizaine d’années plus tard. Aujourd’hui, des animations culturelles ponctuent les visites qui se déroulent tout au long de l’année. Disparue, cette exaltation de l’esprit qui habitait jadis les lieux réapparaît aujourd’hui… Il ne pouvait en être autrement en ces lieux magiques, où nature et réalisation humaine s’harmonisent à merveille.
Succès de la reprise en main du site par le Conservatoire du Littoral
En quelques années, l’abbaye maritime de Beauport restaurée est devenue une étape majeure du circuit touristique breton. Outre la découverte d’un site naturel préservé, l’abbaye de Beauport est le précieux témoin d’un riche passé historique. Les visiteurs apprécient particulièrement la qualité de l’architecture des lieux qui ont été restaurés à l’identique de leur époque d’origine. Le travail sur les charpentes est remarquable, et l’on ne peut qu’être admiratif par rapport à la maîtrise des artisans d’origine et des artisans actuels qui ont su faire revivre des techniques datant de plusieurs siècles…
Réfléchir sur le rapport de l’homme avec son environnement
Parcourir le domaine de Beauport, c’est avant tout en apprécier l’harmonie qui se dégage entre la nature et les réalisations humaines. Comment l’homme, avec des techniques appropriées, peut-il récolter le meilleur sans amputer le patrimoine naturel sur lequel il s’est établi ? Un cadre qui amène à s’interroger quant à l’impact psychologique de la beauté exceptionnelle de ce genre de sites sur la qualité de vie et sur l’épanouissement de l’esprit humain… Force est de constater que la frontière est considérable entre les activités anciennes et celles proposées aujourd’hui. C’est également plonger dans une histoire beaucoup plus ancienne que celle qui débuta avec la pose de la première pierre, en se rappelant la place primordiale que les anciennes peuples bretons accordaient à l’environnement.
Une façon admirable de retrouver ses racines
Bientôt, 80 000 visiteurs parcourront chaque année la Salle au Duc, le réfectoire ou le cloître. Néanmoins, on estime que le double parcourt déjà les jardins, les bois ou l’estran. On notera que beaucoup de résidents des alentours ont pris l’habitude d’y venir flâner, marcher ou courir. Une façon de retrouver son identité grâce au site, de renouer avec son passé et de retrouver ses racines. Une appropriation et une fierté partagées par les treize employés du Conservatoire du Littoral qui assurent la tenue du site, sans compter les innombrables volontaires qui ont adhéré à cet ambitieux projet.