Installation de mouillages organisés à Girolata
Girolata est un site sensible inclus dans le périmètre du Parc Naturel Régional Corse (PNR site web) et dans le site classé du Golfe de Porto Girolata (UNESCO). Or, depuis ces 30 dernières années, le nombre de plaisanciers ainsi que de navettes touristique n’a cessé d’augmenter, résultant à un doublement de la fréquentation tant par l’augmentation de la taille des bateaux que par leur nombre. On compte ainsi 4400 mouvements de bateaux rien que pour la saison estival de 2008 !
Face à une pression touristique menaçante pour l’environnement du site, la commune d’Osani, la Préfecture de Corse-du-Sud, la DIREN (Direction régionale de l’environnement) et le Parc Naturel Régional Corse ont opté pour le mouillage organisé et pour une orientation durable de la gestion touristique. Une démarche de gestion patrimoniale effectuée en concertation avec les 10 habitants permanents et les utilisateurs.
Situé à l’extrémité sud de la Réserve Naturelle de Scandola, ce petit village pittoresque enfouis dans le maquis et les eucalyptus et bordé de hautes falaises rouges, surplombe une magnifique baie creusée par des eaux turquoise.
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Diminuer la pression anthropique sur l’environnement marin
Si l’accueil des plaisanciers dans cette baie abritée a longtemps été anarchique, les choses ont changé depuis 2006. La commune a installé 80 mouillages écologiques payants dans l’anse de Girolata. Les bateaux sont amarrés sur plusieurs rangs sur des bouées avant/arrière à l’aide d’un ancrage à vis. Sorte de tire-bouchon géant, ce système a été conçu pour pénétrer le sol par vissage sans couper ni broyer, ni déstructurer les éléments constitutifs de la matte de posidonie. Le point d’ancrage est constitué d’une bride avec anneau de levage monté sur la dernière sbire de l’enroulement. Cependant, force est de constater qu’après 4 ans d’usage, certaines vis se sont soulevées. « Il fallait le tester pour s’en rendre compte : ce système n’est pas adapté aux fonds de l’anse de Girolata qui est sablonneux avec un mélange de graviers, de roches et d’herbiers. De plus, les tractions dues à l’amarrage avant et arrière sont permanentes » explique Jean-François Luciani, responsable de la capitainerie dont l’équipe a été vite contrainte de réinstaller l’ensemble du dispositif avec des ancres soutenues par des chaînes mer et des corps morts de plus de deux tonnes. « Le système global demeure néanmoins plus écologique puisque les chaînes de mer bougent très peu et représentent 600 mètres en linéaire. On a installé les corps morts sur des zones sablonneuses sans végétation et l’emprise totale au sol représente 15 m2 pour un plan d’eau de 6 hectares« .
« Dans l’ensemble, la mise en place du mouillage organisé a entraîné une forte diminution de la pression anthropique sur le site » constate avec satisfaction le responsable de la capitainerie, « les herbiers de posidonie ont progressé, des petites nacres recommencent à pousser, et on voit beaucoup plus de dentis, mulets et barracudas sur le site qu’auparavant. » D’après Jean-François Luciani, les bateaux sont moins nombreux et la sécurité s’est améliorée grâce aux chenaux de circulation qui sont beaucoup plus visibles et qui facilitent le déplacement entre les bateaux. Au final, l’opération s’avère donc positive. La municipalité est satisfaite par cette réorganisation dont les recettes permettent de mieux gérer le site.
Du côté des plaisanciers, l’avis est plus mitigé, l’évitage entre les nombreux bateaux étant très réduit pendant la pleine saison. Quand les vents le permettent, certains optent pour l’anse de Tuara qui offre un charmant mouillage orné de petites grottes et de plages de sable rouge. Mais s’il a l’avantage d’être moins fréquenté, le site n’offre pas un abris sûr.
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Une capitainerie impliquée et dynamique
Créée en 2006, la capitainerie compte 9 employés à temps plein qui s’impliquent à 100% pour faire de Girolata un site convivial et préservé. L’équipe accueille les plaisanciers 7 jours sur 7 de 8H00 à 22H00, depuis la Pâques jusqu’à la mi-octobre. Dès leur entrée dans l’anse de Girolata, les plaisanciers sont accueillis par un agent à bord d’un Zodiac qui les guide jusqu’à leur emplacement et les aide à s’amarrer. L’équipe s’avère particulièrement efficace quand le vent forcit pour assister les bateaux lors des manœuvres délicates.
L’accostage se fait par les petits pontons reliés à la plage au bord de laquelle se trouve la capitainerie. Les visiteurs y sont informés de la réglementation environnementale en vigueur et des prestations touristiques à disposition sur le site.
Les prévisions météorologiques sont facilement accessibles sur un écran extérieur.
Un projet pour équiper l’avant port est en cours afin de pouvoir accueillir de plus grosses unités avec une capacité de 25 personnes maximum.
Mise en place du tri sélectif et d’un avant-port
Le tri sélectif est mis en place depuis 2004 afin de traiter les déchets sur place et de fermer définitivement la décharge sauvage qui polluait le site. Les agents de la capitainerie distribuent un prospectus aux plaisanciers dès leur arrivée pour les inciter à faire le tri sélectif de leurs déchets. Les matières fermentescibles, à savoir les déchets organiques et les matières cellulosiques (bois, papier, carton) doivent être disposés dans un sac poubelle biodégradable remis par l’équipe de la capitainerie à l’arrivée au port puis jetés dans un container «compost». Les verres sont déposés dans un autre sac spécifique qui est ensuite évacué par mer en fin de saison. Quant au reste des déchets, ils doivent être déposés dans un container avant d’être évacués par héliportage vers un centre d’enfouissement agréé. D’après Jean-François Luciani les plaisanciers jouent le jeu et autant les habitants que les fidèles visiteurs apprécient cette organisation qui rend le site beaucoup plus agréable.
La construction d’un bloc sanitaire est en projet ; le permis de construire a été obtenu et son emplacement sensible au niveau de l’évacuation des eaux usées a été déterminé. La commune est à la recherche de financement pour concrétiser le projet.