Un véritable musée naturel avec une large variété de paysages méditerranéens
Avec les autres îles d’Or et la Presqu’île de Giens, Porquerolles constitue un prolongement des Maures et appartient à l’origine, avec la Corse et la Sardaigne, au même ensemble géologique de l’ère tertiaire, il y a 40 millions d’années. Elle s’est retrouvée isolée suite à la montée du niveau de la mer après la fonte des glaces, il y a quelque 20 000 ans. Avec ses massifs granitiques et ses roches cristallines émergeant au milieu de terres calcaires, Porquerolles prouve son rattachement aux montagnes du continent. Le nom actuel de Porquerolles proviendrait d’ailleurs du mot gallo-romain Olla (poterie) qui correspondrait à l’existence d’anciennes fabriques établies sur ces sols argileux propices à la céramique ; le nom de Port-Olles se serait transformé au fil des ans.
Une mosaïque unique de paysages
La partie nord de l’île, face à la côte, s’étend en plages de sable blanc harmonieusement découpées et protégées des vents dominants, tandis que plus sauvage, la côte sud, orientée vers le large, plonge dans la mer turquoise en falaises abruptes. La pointe ouest de Porquerolles offre un site au charme exceptionnel avec son îlot, son phare et son fortin qui domine une très belle crique abritée des vents dominants. La plage de sable qui occupe le fond de la baie est accessible à pied depuis le centre de Porquerolles par de petits sentiers pédestres qui courent à travers la garrigue. Préservée, la faune abonde sur terre comme sous l’eau où vous pouvez croiser facilement des Sars, Saupes, Girelles, Murènes, Daurades et Dentis. Les trois quarts de l’île sont encore entièrement boisés, surtout en chênes-lièges et en pins maritimes. Véritable paradis au printemps lors de la floraison du maquis, Porquerolles exhale des senteurs inégalées d’un subtil mélange de cistes, lavandes, bruyères, thyms, romarins, eucalyptus, pins et lentisques pistachier.
Des vignobles dans la mer
Au cœur de l’île, les plaines accueillent sur 150 ha les domaines viticoles de « la Courtade », « le domaine de l’île » et « le domaine Persenski » qui produisent un excellent vin réputé avec l’Appellation d’origine contrôlée (AOC) La Londe Côtes de Provence. C’est François-Joseph Fournier, qui acheta l’île en 1911, qui eu l’idée d’y créer des pare-feu en plantant à l’époque 170 ha de vigne. Le sol de schiste métamorphique associé au microclimat ensoleillé de l’île est très favorable à la culture des vignes qui pour la plupart sont cultivées sans désherbant ni engrais chimique ni insecticide. Un soin particulier que l’on retrouve dans les vins qui se distinguent par leur caractère insulaire unique et un goût de terroir emblématique. Les vignerons se sont par ailleurs associés au Conservatoire Botanique National de Porquerolles afin de les aider à prévenir les incendies et à protéger le patrimoine naturel de l’île.
Un climat méditerranéen idéal pour la santé et la conservation des plantes
Située en pleine mer, à près de 5 km du continent, Porquerolles est appréciée entre autres pour la pureté vivifiante de son climat. Moins chaudes l’été que sur le continent et moins froides l’hiver, les températures différent peu et restent douces grâce aux brises marines, qui tempèrent à la fois le refroidissement hivernal et le réchauffement estival.
Pur et sec, l’air de Porquerolles, imprégné du parfum des forêts et des multiples senteurs issues de la végétation sauvage, est considéré comme sain et bénéfique et est notamment prisé pour soigner les maux pulmonaires.
Avec une insolation annuelle supérieure à 2900 heures, une pluviométrie moyenne annuelle de 575 mm et des gelées hivernales rares, le climat porquerollais est de type méditerranéen subhumide. L’île bénéficie ainsi de conditions climatiques très propices à la conservation des plantes méditerranéennes.
À noter que Porquerolles est intégrée au « Plan Alarm » qui prévoit la limitation des accès aux massifs forestiers en période de vent fort et de sécheresse.
Le Conservatoire Botanique National Méditerranéen
Mi-sauvage, mi-cultivée, Porquerolles présente une mosaïque de paysages provençaux formés au fil du temps par les générations. Des paysages magnifiques qui abritent un trésor patrimonial exceptionnel : un verger composé de plus de 700 variétés d’arbres fruitiers ! Une collection unique en son genre qui comprend de nombreuses variétés dites de « terroir » que l’on ne trouve plus sur le continent depuis l’arrivée de l’agriculture industrielle. Véritable bastion des vergers provençaux traditionnels, le conservatoire a pour mission de sauvegarder la flore sauvage et les variétés fruitières de Méditerranée. À sa tête, Jean-Paul Roger, résistant invétéré contre l’uniformisation des étals des supermarchés. Depuis son arrivé à Porquerolles en 1978, un an avant la création du conservatoire, cet ingénieur agricole en charge de la gestion du domaine agricole et des collections variétales, s’implique sans compter pour retrouver le verger traditionnel du pépé provençal. Son équipe a rassemblé d’importantes collections pour plusieurs espèces : plus de 154 variétés d’oliviers, représentatives du patrimoine oléicole français, italien et espagnol, 300 variétés de figuiers provenant de tout le bassin méditerranéen, 60 variétés de mûriers provenant du monde entier, plus de 200 variétés locales de pêchers issues de Provence et de la Vallée du Rhône, plus de 60 variétés d’abricotiers et plus de 22 variétés d’amandiers ! Le conservatoire mène parallèlement une mission de conservation ex-situ et dispose d’une banque de semences qui compte plus de 2000 espèces de plantes sauvages.
Le but ultime du Conservatoire et de Jean-Paul Roger est de reconstituer le verger provençal d’il y a 200 ans où la diversité des variétés permettait de maintenir des gènes de tolérances naturelles aux maladies et aux parasites, alors que les vergers actuels se sont uniformisés et comprennent tous les mêmes variétés.
Un site classé Natura 2000 pour préserver la beauté naturelle de l’île
Rachetée aux trois quarts par l’État en 1971, l’île — ainsi qu’une ceinture marine de 500 mètres de large — est un site classé, intégré au Réseau Natura 2000 au titre des Directives Oiseaux et Habitats depuis 1988. Présente sur tous les fronts, l’équipe du Parc National de Port-Cros chargée de la gestion de la partie de l’île classée s’implique au quotidien pour valoriser et préserver cet exceptionnel patrimoine naturel, tout en permettant aux visiteurs d’en profiter durablement.
Trouver un équilibre entre l’homme et la nature
Concilier protection et tourisme, tel est le défi que relève au quotidien Serge Moreau, chef de secteur de l’île, et son équipe qui s’inspirent de François-Joseph Fournier, ancien propriétaire de Porquerolles il y a plus d’un siècle. C’est à ce pionnier du développement durable que l’île doit le succès de son activité agricole et l’ouverture au tourisme raisonné. Pour trouver un équilibre entre l’homme et la nature, un long travail de sensibilisation et de concertation est nécessaire entre les habitants, commerçants, prestataires de tourisme, agriculteurs, pêcheurs, scientifiques et touristes. Un rôle délicat et crucial tenu avec brio par l’équipe du parc dont le but ultime est de préserver la beauté naturelle et fragile de l’île. Il faut savoir que Porquerolles se visite à pied ou à vélo et que les conditions de circulation y sont très réglementées.
Une sur-fréquentation touristique estivale
Malgré sa taille modeste — 7 km de long pour 3 km de large — Porquerolles est l’un des sites touristiques les plus prisés de la Côte d’Azur et attire chaque année pas moins d’un million de visiteurs ! Outre l’attrait des paysages de l’île, sa proximité avec le continent et son relief accessible explique en partie cet incroyable succès. Plusieurs milliers de navettes maritimes assurent chaque année le transfert des visiteurs en 20 minutes depuis le continent. L’autre partie de la fréquentation touristique vient de la plaisance qui représente près de 50%. Mouillage idyllique, l’île accueille jusqu’à 1300 bateaux simultanément durant la saison estivale ! Si le tourisme est devenu le principal moteur de développement économique de l’île, il confronte les îliens aux problèmes de surpopulation estivale, d’approvisionnement en eau et de traitement des déchets et exerce une pression trop forte sur l’environnement. À noter que depuis plusieurs années, le Conservatoire botanique national méditerranéen conduit une expérience pilote de traitement des eaux usées de l’île par lagunage. Mais si la station d’épuration fonctionne sans aucun traitement chimique et si les eaux usées sont recyclées par système de lagunage et réutilisées pour l’arrosage des vergers, elle n’est cependant adaptée que pour 4500 habitants par jour… Dans le même esprit de gérer l’accueil de façon durable, des toilettes sèches ont été installées sur différents sites de l’île.
Pour Serge Moreau, la priorité aujourd’hui est d’alléger la fréquentation touristique durant l’été et de l’étendre tout au long de l’année.
Site pilote du réseau Natura 2000
Porquerolles et sa périphérie — une bande nautique de 500 m — bénéficient d’une protection dans le cadre du réseau européen Natura 2000, dont l’île, avec Port-Cros, fait partie des sites pilotes. Parmi les habitats d’intérêt communautaire à protéger en priorité figurent les herbiers de Posidonie, une plante méditerranéenne endémique qui abrite de nombreuses espèces animales menacées dont la Grande Nacre, un coquillage de grande taille qui se raréfie. Afin de les protéger de l’envasement, de l’arrachage dû aux ancres ou encore des engins de pêche traînants sur le fond, une réglementation a été mise en œuvre après une longue négociation avec les usagers. Aujourd’hui, les zones de mouillages sont réglementées, une charte a été signée avec les plongeurs, la vitesse de navigation a été limitée, des dispositifs d’amarrage sur les sites les plus importants de plongée ont été installés et certaines zones de pêche loisir ont été fermées, etc. Des sites comme les îlots Saranier ou le Cap des Mèdes sont devenus des réserves intégrales. L’accès et la circulation par les embarcations demeurent interdits dans plusieurs petites calanques de la côte sud afin d’en préserver la biodiversité et de garantir la tranquillité aux heureux occupants de ces petits coins de paradis.
En ce qui concerne les espèces d’intérêt communautaire à protéger en priorité figurent les Puffins de Méditerranée dont 90% de la population française est établie dans les îles d’Hyères et les Puffins cendrés également très présents. Des actions de suivi, de conservation, de sensibilisation sont menées par l’équipe du parc pour pérenniser les populations dans l’archipel.
Gageons que le classement de Porquerolles en « cœur de parc » au sein du parc national de Port-Cros lui permettra de trouver le bon équilibre.
La Semaine de Porquerolles
Créée en 1998 et organisée par l’International Yacht-Clubs de Hyères en collaboration avec le Yacht-Club de Porquerolles, cette épreuve nautique, qui a lieu au début du mois de juin, est devenue incontournable dans le circuit du Championnat de Méditerranée. Les meilleurs équipages méditerranéens y participent tout autant que des amateurs, et l’on y croise également des internationaux habitués des plans d’eau de l’America’s Cup ou des coureurs du large attirés par ce plan d’eau paradisiaque. Les parcours banane et parcours côtier s’enchaînent durant une semaine devant les ports d’Hyères et de Porquerolles et autour des îles d’Or. Plus de 70 bateaux, soient entre 650 à 750 personnes navigantes, s’affrontent dans la bonne humeur et l’esprit de compétition. Le côté festif est à la hauteur de l’événement avec plusieurs soirées et manifestations organisées sur l’île pendant la semaine.
Un site idéal pour les activités nautiques et touristiques
Plaisance
En été, plus de 800 bateaux en moyenne — avec des pics de 1300 unités — fréquentent quotidiennement les mouillages de Porquerolles. La plaisance représente près de 50% de la fréquentation touristique de l’île. Située à trois milles nautiques au large de la Presqu’île de Giens, Porquerolles offre des mouillages enchanteurs et abrités côté nord, devant la plage d’Argent, à l’anse du Bon Renaud, ou à la sortie du port, dans le recoin de la Pointe Prime. Le port de plaisance offre une capacité de 600 postes à quai, dont 200 réservés aux bateaux de passage (longueur maximum 30 mètres), avec un tirant d’eau limité à 3 mètres. Par ailleurs, 90 bouées sont également à disposition avec un maximum de 13 mètres.
Snorkeling
Avec ses plages de sable fin, la face nord de l’île est idéale pour les adeptes de farniente tandis que la face sud appelle les adeptes de palmes, masque, tuba à explorer ses splendides petites criques et nombreux rochers dans des eaux peu profondes où foisonne une faune multicolore.
Plongée
Les plongeurs en bouteille ne sont pas en reste, l’île offrant des sites très diversifiés et accessibles à tous les niveaux. Sur les sites côté baie d’Hyères, les plongeurs évoluent au-dessus du plateau continental avec des fonds d’une cinquantaine de mètres, tandis que côté sud, les fonds descendent vers les fosses marines.
Sur l’extrême pointe nord, le cap des Médès offre un superbe site d’exploration aux plongeurs avec notamment le sec du Gendarme, et constitue un site de repli en cas de fort mistral. La petite passe entre la Presqu’île de Giens et la Jaume Garde comprend de nombreuses remontées rocheuses ludiques et bien garnies en faune et flore. Au large de la côte sud, les aquanautes ont le choix entre de nombreux secs et la calanque de l’Oustaou de Diou… Enfin, dans la petite passe entre Porquerolles et Port-Cros, sommeillent les deux célèbres épaves du Donator (de 35 à 52 m) et du Grec (de 35 à 47 m), toutes deux coulées en 1945. Encore bien conservées, elles réservent aux plongeurs des ambiances magiques parmi d’impressionnantes gorgones rouges et une faune abondante de belle taille.
Le vélo
La location de vélos est l’un des commerces les plus florissants de l’île : près de 2000 unités sont disponibles chez une dizaine de sociétés de location ! Les cyclistes peuvent découvrir l’île sur près de 60 km de magnifiques pistes et sentiers. Un cycloguide est disponible pour sensibiliser les usagers à la fragilité du milieu insulaire via 4 itinéraires.
Un riche passé historique
Porquerolles a d’abord été habitée par des Celtes, Ligures et Étrusques avant d’être fréquentée dans l’Antiquité par des pêcheurs et navigateurs qui y trouvaient un abri sûr contre les intempéries. Des vestiges de l’époque gallo-romaine ont d’ailleurs été récemment mis à jour attestant de la présence d’un port à cette époque. Puis au Ve siècle, les moines du Monastère de Lérins s’installèrent dans l’île pour la mettre en culture, mais les invasions incessantes des pirates et corsaires finirent par faire fuir les habitants.
Les traces de l’architecture militaire datant de l’Ancien Régime sont également visibles. Au XVIIIe siècle, Napoléon fit fortifier les îles pour lutter contre la présence anglaise en Méditerranée, et l’on peut encore admirer les ouvrages de défense de cette époque, tels que les forts du Petit et du Grand Langoustier, qui appartient aujourd’hui au Conservatoire du littoral, ainsi que les forts de l’Alycastre et de la Repentance. Construit sous François 1er vers 1531, le fort Sainte Agathe a été restauré et affecté au Parc National de Port-Cros qui y présente des expositions ouvertes au public durant la période estivale.
Le passé se revisite également dans les profondeurs où gisent des bâtiments qui ont sauté sur des mines lors de la Seconde Guerre mondiale et qui sont autant de magnifiques sites de plongée.