Le suivi acoustique, une méthode non-intrusive qui permet d’enregistrer des sons de jour comme de nuit, dans une eau claire ou trouble
Pour écouter le récif corallien de Moorea, les chercheurs du Criobe ont placé des hydrophones à différents endroits sur la pente externe de l’île : la moitié des instruments dans des aires marines protégées (Aires Marines Protégées), l’autre moitié dans des zones non protégées.
L’île de Moorea étant un site d’étude depuis plus de 40 ans, sa biodiversité sous-marine est bien connue et son recouvrement corallien régulièrement suivi. Les chercheurs se sont concentrés sur deux éléments, issus des études en milieu terrestre : le niveau sonore et la complexité des fréquences sonores enregistrées.
Le niveau sonore fournit des informations concernant l’abondance d’organismes vivants, tandis que la complexité sonore informe sur la diversité parmi ces organismes. Après quatre mois d’enregistrements, les chercheurs ont écouté ce qu’ils ont enregistré et l’ont comparé avec leur connaissance du milieu.
Ce nouveau suivi, combinant deux éléments clés (niveau et complexité acoustique) a démontré que l’acoustique sous-marine permet d’identifier un environnement sain que les aires marines protégées de Moorea sont efficaces. En effet, le suivi, effectué dans quatre Aires Marines Protégées de l’île et quatre zones non protégées, a clairement permis de différencier les deux.
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L’enregistrement acoustique offre de nombreux avantages dans la récolte de données en milieu sous-marin
L’enregistrement acoustique est non-intrusive, et c’est là son avantage le plus évident pour le suivi du milieu sous-marin. Une fois l’hydrophone posé, la présence humaine n’est plus nécessaire. Par ailleurs, l’hydrophone peut rester immergé durant plusieurs jours et permet d’enregistrer de jour comme de nuit, dans une eau claire ou trouble, parfois à grande distance pour les sons les plus forts.
Contrairement au monde du silence décrit par Cousteau, les fonds marins renferment d’innombrables sources de sons. Les crevettes, les crabes et les poissons-perroquet par exemple émettent des sons quand ils se nourrissent avec leurs pinces ou leurs dents tandis que les poissons demoiselles, les poissons papillons et les poissons soldats communiquent entre eux, en grognant, râlant, ou en frottant leurs nageoires pour montrer leur mécontentement ou leur intérêt.
L’avenir du suivi acoustique dans le milieu corallien semble donc prometteur, pouvant révéler des modèles écologiques à de larges et fines échelles, produisant un ensemble de données fiables qui sera à inclure dans des plans d’action et de prises de décision permettant de réduire la vulnérabilité des habitats marins face aux changements globaux.