île Milliau du trégor
L’île Milliau s’est sculptée au fil des siècles dans le granit rose surgi du magma il y a 300 millions d’années.
Avec ses 1 Km de long et ses 300 mètres de large pour une surface de 23 hectares, c’est la plus grande des îles trégoroises.
Reliée au continent à marée basse, et s’étendant au-delà du chaos granitique du Castel, l’Île Milliau, a gardé un charme sauvage. À mesure que la mer recouvre le tombolo sableux de l’île la plus méridionale du Trégor, de violents courants se forment, interdisant tout passage. Arrivé sur la partie orientale de l’île, un chemin pentu s’élève à travers bois. Milliau est une terre haute et massive culminant à 52 mètres recouverte d’une végétation diverse reconstituée depuis son acquisition par le Conservatoire du Littoral.
Il y a près de 6000 ans, l’île Milliau, fréquentée par les hommes du néolithique, faisait encore partie du continent et était une colline de bord de mer.
Cette situation de promontoire pourrait expliquer la présence, pour l’élévation, d’une allée couverte, construction mégalithique destinée aux défunts et aux rassemblements spirituels. Des populations successives vivront sur l’île en pratiquant pêche, chasse, cueillette, culture et élevage. Des traces de huttes gauloises attestent la présence de ce peuple Celte.
Au début du Moyen-Âge, des moines évangélisateurs venus du Pays de Galles ou d’Irlande – dont Milliau qui a donné son nom à l’île et fondé la paroisse Ploumilliau à quelques lieues du site – y bâtiront une cellule monastique semi-enterrée couverte de dalles massives, aujourd’hui intégrée dans l’angle extérieur du gîte.
Milliau fut également une île d’agriculture où nombre de paysans exploiteront ses terres fertiles riches en loess, particules minérales soulevées des fonds marins jadis asséchés et transportées par les vents glaciaires.
Le premier corps de ferme fut construit à la fin du Moyen Age et a abritant plusieurs générations de paysans jusque dans les années 1930.
L’île connut par la suite une période faste et festive au XXème siècle en devenant la propriété de Lucie Jourdan, amie d’Aristide Briand. À la mort de celui-ci, l’île tomba lentement en désuétude avant de devenir la propriété du Conservatoire du Littoral.
Cogestion pour la conservation de l’île
Acquise par le Conservatoire du Littoral en 1984, co-gérée par la commune de Trébeurden et la Communauté d’agglomération de Lannion Trégor, Miliau fait depuis l’objet de mesures de gestion concertées.
Des cheminements ont été aménagés pour permettre une découverte respectueuse des différents habitats.
Pour éviter la fermeture du milieu par le fourré pré forestier, l’entretien des prairies est assuré par le pâturage de moutons d’Ouessant.
Des zones envahies par les fougères et les ronces sont régulièrement réouvertes lors de chantiers de coupe et de fauche.
La forêt de l’île, constituée d’anciens peuplements de résineux introduits, est progressivement régénérée par la plantation de feuillus tels le frêne, l’orme champêtre ou le hêtre.
Sur le versant Sud-Ouest (versant marin), le vent et les embruns imposent leur loi, ce qui explique que la végétation ne s’y développe que très peu. On y trouve plutôt des ajoncs, de la bruyère… Alors que sur le versant Nord-est (versant continental), on y trouve des chênes, châtaigniers, mais aussi des fleurs comme les arums, narcisses, primevères, jacinthes…
Une riche biodiversité protégée
Les fourrés abritent merles, rouge-gorges, grives…tandis que les marées découvrent de vastes estrans, terrains de pêche des goélands, aigrettes, hérons,…
Coques, couteaux et palourdes y ont élu domicile ainsi que l’abondante faune marine présente sur les côtes rocheuses. 47 espèces d’oiseaux ont été observées sur l’île, 32 s’y reproduisent. À marée basse, les huîtriers pie, de leurs pattes et bec rouges, écument la grève à la recherche de mollusques tandis que les tournepierres à collier, en livrée brunâtre d’hiver, déplacent inlassablement algues, coquilles et petits cailloux.
Il est fréquent d’observer la fauvette pitchou entre les landes à bruyères et ajoncs. Le couple de renards résident permet de réguler la nombreuse population des lapins de garenne qui abroutissent les pelouses rases.
Protégé et rénové dans l’esprit des lieux, le patrimoine bâti reste cependant fragile, notamment en ce qui concerne l’allée couverte. Un piétinement trop marqué à ses abords risque d’en déchausser les piliers, aussi est-il préférable d’admirer ce monument à distance.