L’univers méconnu et fascinant des mangroves
La balade commence par une belle traversée sur un plan d’eau ponctué d’îlots ; le guide nous rappelle que ce domaine maritime s’étend au fond de la Baie de Fort-de-France sur pas moins de 3300 hectares.
L’aventure s’intensifie à mesure que l’on s’engouffre via différents canaux à l’intérieur de cet univers végétal qui semble si impénétrable. Avec ses 1200 hectares de superficie, c’est de loin la plus vaste mangrove de Martinique, puisqu’elle est deux fois plus importante que la surface de celle située sur la Côte Atlantique.
L’écosystème de cette forêt littorale tropicale est méconnue à tord. Elle abrite une végétation très variée et constitue un refuge important pour les oiseaux et une nurserie pour quantités d’espèces de poissons, sans compter les mollusques et crustacés qui y résident. D’ailleurs aucun bruit ou présence d’animaux n’échappent à notre guide Lucien qui nous montre ou nous fait écouter au détour des branches d’arbre, le cri de telle espèce d’oiseau ou le passage de tel poisson sous la coque du kayak.
La fraîcheur de l’air est agréable ; en pagayant dans ce tunnel végétal dense, on se laisse volontiers enivrer par la sérénité et l’ambiance si particulière des lieux.
Immergés au coeur de la mangrove, si épaisse et si luxuriante, on comprend alors pourquoi la mangrove est considérée comme un excellent abri cyclonique par les populations résidentes.
Le rôle primordial des mangroves
Tout le long du circuit, l’excursion est ponctuée de petites pauses info permettant à chacun de souffler un peu tout en écoutant les judicieuses explications données par le guide qui insiste sur la nécessité de préserver cet environnement particulier.
Les mangroves sont généralement perçues comme un endroit inhospitalier, mais il est important de rappeler leur grande utilité.
Véritable murailles végétales, elles assurent la stabilité de milliers de kilomètres de côtes dans le monde et défient les tsunamis qui sans leur présence seraient beaucoup plus dévastateurs.
Les mangroves contribuent à piéger des quantités très importantes de carbone. Elles filtrent les eaux des bassins versants et leur rôle est particulièrement important dans des zones tropicales coralliennes comme La Martinique puisqu’elles empêchent les coraux de mourir asphyxiés par les sédiments.
Imaginons ce que coûterait la construction d’une station d’épuration capable de rendre les mêmes services que ces centaines d’hectares de mangrove !
Elles servent par ailleurs de nurserie à une multitude d’espèces de poissons et sont les gardiennes de la ressource piscicole.
Elles servent également de refuge à une multitude d’oiseaux. On évalue à 130 le nombre d’espèces qui visitent le site, dont 37 en seraient résidentes. Cette zone possède une importance primordiale pour les espèces migratrices qui circulent le long de l’arc antillais sur la route des USA. On peut y découvrir entre autres des canards, hérons, sternes, ibis etc… Selon les marées, Lucien vous guide vers des postes d’observations adéquats pour approcher l’Aigrette Neigeuse, le Héron Vert ou le Balbuzard.
Une excursion pédagogique au coeurs de la mangrove
Véritablement passionné, Lucien partage ses connaissances sur cette forêt littorale qui n’aura plus de secrets pour vous !
Aucun détail n’est oublié. On apprend ainsi que le développement de la mangrove se fait idéalement en eau chaude à plus de 18°c sur la zone de l’estran, et ce qui fait la différence entre les palétuviers rouges et les palétuviers noirs, ce sont les pneumatophores ou les plantules, qui permettent par ailleurs la reproduction et la conquête du mileu humide par la flore.
Notre guide nous montre une fleur de palétuvier et nous explique comment la germination dans l’arbre produit un plantule qui se détache et tombe pour se ficher de par sa forme dans la vase. Ce plantule prendra racine très rapidement en donnant naissance à un nouveau palétuvier rouge.
Lucien nous rappelle aussi comment ce bois, qui brûle difficilement car chargé en sels, a servi pendant des générations à fabriquer les casiers des pêcheurs, ou comment le tanin qui abonde dans le Palétuvier Rouge a servi à la teinture.
Escale sur le Petit Islet avant le retour
En sortant de la mangrove, toute latitude vous est offerte pour vous promener sur le plan d’eau en longeant la forêt tropical. Le spectacle de cette baie immense est saisissant.
Une pause de plus ou moins longue durée vous est proposée sur le chemin du retour.
Les kayakistes qui ont opté pour la balade à la demi journée, débarquent sur Gros Islet pour un ti punch bien mérité, avant de se faire raccompagner en bateau au point de départ.
Les visiteurs qui ont opté pour la journée complète auront le loisir de faire un barbecue sur une plage et d’en apprécier les charmes jusqu’à la fin de la journée.
Avis aux aventuriers ! Des sorties nocturnes sont proposées pendant la période de pleine lune ; une opportunité idéale pour observer les oiseaux dans une ambiance complètement différente et envoûtante… Des sorties sunset sont également possibles.