Arrêt définitif de la déforestation sous-marine qui avait lieu de 800 à 2000 mètres de profondeur sans aucune contrainte légale
Le seuil de 800 mètres retenu pour l’interdiction du chalutage profond trouve son origine dans la campagne organisée par l’ONG BLOOM qui lutte avec acharnement depuis 8 ans contre cette méthode de pêche désastreuse pour l’écosystème marin. Le succès de la BD en ligne réalisée par l’illustratrice Pénélope Bagieu a notamment permis de sensibiliser des milliers d’internautes qui ont partagé l’information sur les réseaux sociaux.
Forte de plus de 900 000 signatures en ligne contre le chalutage profond, l’association BLOOM a par la suite incité les enseignes de la grande distribution à abandonner les ventes d’espèces profondes. La flotte d’Intermarché a d’ailleurs accepté, en janvier 2014, de ne plus pêcher au chalut au-delà de 800 mètres de profondeur.
Une étape majeure pour sanctuariser les océans profonds européens riches d’une biodiversité aussi exceptionnelle que fragile
La pêche en eaux profondes affecte des espèces comme le grenadier de roche ou la lingue bleue, classées comme vulnérables ou menacées par l’Union internationale de conservation de la nature. D’après l’Ifremer, « l’inconvénient majeur du chalut de fond est le manque de sélectivité. Car cet engin, constitué d’un filet remorqué par un navire, capture simultanément plusieurs espèces de dimensions et de morphologie différentes. Même s’il ne pénètre pas le sédiment, il détériore les habitats et les organismes posés sur le fond. »
Le chalutage profond est reconnu par de nombreux scientifiques comme une technique de pêche destructrice qui engendre quelque 20 à 40% de prises accessoires, non désirées. Or beaucoup de poissons d’eaux profondes mettent des années à parvenir à maturité pour se reproduire et sont particulièrement menacés, à l’instar des requins d’eau profonde.
En 2015, des chercheurs de l’université de Glasgow ont montré que plus la pêche est profonde, plus elle cause de dégâts, sans gains économiques significatifs. Ils préconisent donc une interdiction du chalutage au-delà de 600 mètres. Mais en attendant de lutter pour repousser la limite de 200 mètres, les associations savourent d’abord de cette victoire si longtemps attendue.
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