Les vagues de Teahupo’o
À l’origine, Teahupo’o est un petit village de pêcheur perdu dans le cadre sauvage de la presqu’île de Tahiti, à 70 km de Papeete. Teahupo’o est sorti de son isolement en l’an 2000 lorsque Laird Hamilton est entré dans la légende en y surfant une gauche titanesque, la vague du siècle ! Les images de cet exploit immortalisé par le photographe Tim Mc Kenna ont fait le tour de la planète. Jadis inconnue du grand public, cette vague concurrence dorénavant la fameuse Pipeline en Californie et est devenue la méga star des surfeurs qui la craignent autant qu’ils la respectent…
La plus tubulaire des vagues de la planète
Le récif de Teauhupo’o réunit toutes les conditions pour fabriquer la vague parfaite.
La vague se forme à 15 minutes de la rive en pagaie, à 200 mètres environ de la plage au niveau de la passe. Chaque houle du sud arrive sur ce récif en formant une vague massive et puissante, offrant souvent des tubes spectaculaires. Variant entre 1,50 m et 10 m de hauteur par grosse houle, cette vague déferle avec une forte puissance accentuée par le récif qui remonte subitement des fonds océaniens, passant de plusieurs mètres de fond à à peine 80 cm d’eau. C’est ce qui rend la chute si périlleuse pour le surfeur, le blessant très souvent et parfois fatalement.
Seuls les surfeurs les plus expérimentés et en parfaite condition physique se confrontent à la gauche de Teahupoo les jours de grosse houle…
Le Billabong Pro Teahupo’o
Teahupo’o est devenu une étape incontournable des compétitions internationales, en particulier de la Billabong Pro qui réunit chaque année les 44 meilleurs surfeurs du monde.
La compétition se déroule en mai dans le petit village de la presqu’île. Les surfeurs viennent des quatre coins des océans pour se mesurer sur cette vague mythique. Kelly Slater, qui s’impose comme le plus grand surfeur faisant de la compétition, a remporté une nouvelle fois le Billabong Pro Tahiti en août 2011.
Le Billabong Pro Teahupo’o est le troisième événement de ASP World Tour. C’est l’un des événements du championnat les plus attendus par les surfeurs, mais également l’un des plus redoutés.
Le « tow in » ou surf tracté
Teahupo’o est considéré comme le spot le plus dangereux du circuit et pour certain comme une épreuve du courage. Incroyablement puissantes, les vagues se fracassent violemment sur la barrière de corail et provoquent parfois des accidents. Il arrive que la compétition soit suspendue lorsque la houle est trop forte. Au-dessus d’une certaine taille, la vague est si épaisse que les surfeurs n’ont pas assez de puissance en ramant pour se lancer. Les plus téméraires se font alors tracter par des jet-skis. C’est ce qu’on appelle la technique du « tow in ». Une pratique aussi risquée que spectaculaire qui ne se justifie que pour le très gros surf.
Les magiciens du swell
Lors des compétitions internationales, tous les plus grands surfeurs mondiaux viennent se mesurer pendant 15 jours sur la célèbre gauche. Si vous ne possédez ni planche ni kayak, il est possible d’assister au spectacle en optant pour un taxi-boat qui loue ses services à l’heure. Il faut souvent attendre son tour avant de pouvoir embarquer. Si l’événement pêche par son manque d’organisation, cela confère néanmoins un charme authentique supplémentaire aux lieux. On rejoint en quelques minutes le spot d’observation où se trouvent les bateaux des juges et de la presse et l’on se fraye un chemin entre la multitude de bateaux, jet-skis, kayaks, planches et autres embarcations insolites flottantes… Une bouée indique la limite à ne pas dépasser. Notre guide nous explique que les surfeurs peuvent prendre entre 10 et 15 vagues en respectant les règles de priorité. La lecture et le choix de la vague est crucial. Plus la vague réunit les bonnes conditions, plus le surfeur est en mesure d’exécuter des manœuvres montrant sa capacité à utiliser le déferlement de la vague et sa maîtrise technique. Chaque prestation est évaluée sur 10 points en fonction de critères prenant en compte la puissance, la vitesse, le style, la radicalité et la fonctionnalité des manœuvres ainsi que l’engagement du surfeur dans l’exécution des manœuvres.
Un spectacle saisissant
Back sides, vrilles, bottom turns… Tels des magiciens des mers, les surfeurs enchaînent les figures et chevauchent les vagues avec une aisance impressionnante. Sur le plan d’eau, l’ambiance est électrique. Bercée par les mouvements de la houle et saisie par le spectacle aquatique, les spectateurs explosent de joie ou retiennent leur souffle quand une vague emporte un compétiteur sur plusieurs dizaines de mètres. Heureusement des jet-skis de sécurité sont en place pour le repêcher le plus rapidement possible. « Teahupo’o » veut dire « tête par dessus cul » en tahitien nous précise le skipper avec un clin d’œil pour commenter la chute du surfeur… La gauche de Teahupo’o est surtout reconnue pour l’incroyable épaisseur de sa lèvre et c’est quand on voit l’endroit de la vague qui se projette prodigieusement en avant que l’on mesure tout le poids et la puissance du phénomène. Teahupo’o n’a pas usurpé son surnom de « mâchoire liquide ».