Découvrir la beauté préservée des Malborough Sounds
Myths & Legends Ecotours, c’est l’histoire d’une famille maori originaire des Marlborough Sounds qui lutte au quotidien pour protéger cette magnifique région et pour faire vivre sa culture ancestrale. Avec ses longs cheveux noir jais et son sourire chaleureux, Takutai incarne la vahine typique. Aux petits soins avec les passagers, elle cuisine des petits pains maori dans sa cuisine de bord et nous proposera plus tard de partager quelques moules et coques collectées dans ses jardins secrets… La belle vahine est en harmonie avec la nature.
Immersion dans la culture maori en symbiose avec la nature
Très pédagogique, la croisière offre une opportunité rare d’entrer en interaction avec les Maori qui vivent la plupart du temps en dehors des circuits touristiques. C’est l’occasion de mieux comprendre leur culture, leur histoire et leur étroit rapport avec la nature. Incollable sur tous les mythes et légendes maori de la région, Pete manie à merveille l’art de raconter des histoires, expliquant l’origine de telle baie ou de tel îlot. Pete est originaire d’une famille de fermiers anglais installée dans ce coin de la Nouvelle-Zélande depuis six générations. Véritablement passionné par les Marlborough Sounds, il est fasciné par la culture maori dont il est complètement imprégné. « Les Sounds représentent notre mère, aussi notre devoir est de prendre soin d’elle comme elle prend soin de ses enfants. » Maori de coeur, Pete s’implique au quotidien pour sauvegarder cette belle culture qui tend à disparaître.
« D’après les anciens, les histoires permettent de stimuler les rêves et si l’on perd la faculté de rêver, ce sont nos esprits qui meurent… » nous révèle sérieusement le skipper aux commandes de son bateau. Pete a mis en place un système de micro lui permettant de manœuvrer tout en informant les passagers confortablement installés au milieu des coussins qui ne perdent pas une miette ni du commentaire ni des magnifiques paysages défilant devant eux.
Les Sounds, un paradis pour la navigation
Les vallées submergées des Marlborough Sounds sont réputées à juste titre pour leurs paysages inédits et enchanteurs révélant des dégradés de vert à l’infini. Les Sounds résultent de la submersion d’un vaste réseau fluvial contrairement aux fjords dans le sud qui proviennent des glaciers. Ces anciennes montagnes et vallées creusées par les cours d’eaux ont été gagnées par la mer suite à l’action conjuguée de l’élévation générale du niveau des océans et de l‘affaissement de cette partie de la plaque tectonique. Au total, les Sounds s’étendent sur 1200 kms de côtes, représentant pas moins de 20% du littoral néo-zélandais.
La croisière en bateau est le moyen idéal pour apprécier la beauté des paysages dans leur ensemble et pour découvrir ce dédale de baies uniquement accessibles par bateau. Ici, les habitants se font livrer leurs courses et leur courrier par le Mail boat !
Des mouillages abrités enchanteurs
Pete connaît les moindres méandres des Sounds et se fait un plaisir de nous faire découvrir les endroits les plus remarquables et quelques uns de ses coins secrets si vous êtes connectés…
Nous nous retrouvons au cœur d’un paysage d’îlots surmontés de montagnes à moitié dénudées et de fjords encaissés entre des côtes escarpées recouvertes d’une végétation impénétrable de bush et de fougères.
Nous croisons quelques voiliers entre les îlots mais l’activité nautique est loin d’être intense et le plan d’eau est paisible. Pete nous explique que des corps morts ont été installés à disposition des plaisanciers dans de petites baies paradisiaques et peu fréquentées. La navigation est agréable en général dans ces canaux encaissés et protégés mais il faut néanmoins rester vigilant par rapport au vent qui peut entrer dans les Sounds par rafales selon sa direction.
Rencontre avec les dauphins d’Hector dans le Queen Charlotte Sound
Durant notre croisière sur le Queen Charlotte Sound, nous avons la chance de croiser le chemin d’un groupe d’une vingtaine de dauphins d’Hector ! C’est Heremoana – qui signifie la femme de l’océan – la chienne de Pete et Takutai, qui les a repéré en premier. A l’approche des cétacés, elle aboie de plus belle et semble encore plus excitée que nous par cette rencontre… Les dauphins d’Hector sont régulièrement observés dans les Marlborough Sounds, tout comme les grands dauphins et les dauphins sombres. D’après les données du DOC, la population de dauphins d’Hector est concentrée au milieu du Queen Charlotte Sound et autour de l’île de Blumine.
Le plus petit dauphin du monde et l’un des plus rares
Un large sourire illumine le visage de Pete qui manoeuvre de sorte d’attirer les cétacés sans les perturber. Les dauphins d’Hector sont facilement reconnaissables à leur nageoire dorsale ronde qui a la forme d’une oreille de Mickey, au masque noir triangulaire sur les côtés de la tête et à leur magnifique robe arborant de subtils dessins. Robuste et compact, le dauphin d’Hector ne mesure pas plus d’un mètre cinquante. Quelques spécimens jouent à l’étrave du bateau tandis que d’autres exécutent quelques sauts. » Nous avons de la chance car ils ont dû finir de se nourrir et semblent disponibles pour rester avec nous et jouer avec les vagues » nous informe le skipper. Nous remarquons la présence d’un bébé parmi le groupe, ce qui enchante Pete et Takutai. D’après le couple qui navigue sur le Sound au quotidien, il n’y avait pas eu de naissance depuis longtemps et d’ailleurs la population tend à diminuer progressivement. » Les dauphins sont affectés par les constructions, les fermes aquacoles, la pollution et la croissance du tourisme » nous exlique Takutai en nous précisant que dans les Sounds la nage avec cette espèce menacée est interdite. Le dauphin d’Hector (Cephalorhynchus hectori), est le dauphin le plus petit et le plus rare du monde et fait partie des espèces de dauphin les plus menacées d’extinction. Nous avons pourtant eu l’occasion de nager avec les dauphins d’Hector à Akaroa où la population est mieux suivie et les activités touristiques sont surveillées de près par une équipe de biologistes marins.
Infatigables, les dauphins ne cessent de nous suivre et jouer autour du bateau, mais après 20 minutes magiques passées en leur compagnie, Pete décide de les laisser entre eux afin de pas trop les perturber.
Le sanctuaire d’oiseaux de Motuara
Le Queen Charlotte Sound n’en fini pas de nous surprendre. Nous débarquons à présent sur l’île paradisiaque de Motuara qui abrite de nombreuses espèces endémiques d’oiseaux. D’après les récits du grand-père de Pete, l’île était jadis le refuge de milliers d’oiseaux dont les cris étaient si intenses qu’il était impossible de tenir une conversation…
Motuara est une île sans prédateurs depuis 1991. Tous les rongeurs indigènes ont été éradiqués dans le cadre d’un programme de conservation mené par le DOC – Department Of Conservation – pour sauvegarder les espèces d’oiseaux menacées et pour restaurer la biodiversité.
Les oiseaux, comme le crédion rounoir de l’île du Sud (Philesturnus carunculatus) ont été réintroduits et suivis par le DOC. Aujourd’hui, grâce aux efforts soutenus du DOC, la population compte près de 700 individus répartis sur 11 petites îles comme Motuara. La sauvegarde de ce passereau endémique est considérée comme l’un des plus grands succès de l’histoire de la protection de la nature en Nouvelle-Zélande.
Echanges sonores avec les oiseaux endémiques kiwi
Nous suivons Takutai qui emprunte le chemin forestier en imitant le crédion rounoir dont le nom maori provient de son cri Ti e ke ! Ti e ke ! Quelques secondes plus tard, le cri lui revient en écho. Notre vahiné spécialiste en ornithologie s’arrête et nous demande de déterminer la direction du cri. Droite ! Takutai est soulagée et nous explique que les Tieke ont une place importante dans les croyances superstitieuses maori ; ses cris étaient considérés comme de bon augure quand ils venaient de la droite et comme de mauvais présages s’ils venaient de la gauche. Nous pourront l’observer un peu plus tard sur les branches, arborant un magnifique plumage noir rehaussé d’une large bande brun-rouge sur le dos.
Nous apercevons un peu plus loin un Zostérops à dos gris (Zosterops lateralis), un magnifique petit passereau aux yeux maquillés ainsi que plusieurs Rhipidures à collier (Rhipidura fuliginosa), d’adorables petits oiseaux insectivores particulièrement sociaux faisant leur toilette près d’un petit plan d’eau, idéal spot pour la photo animalière !
Sur le chemin du retour, Takutai vérifie si les petits manchots bleus sont rentrés dans leur refuge, des petites huttes installées par le DOC. Pas de chance, ils sont encore en mer… Tant pis, nous remontons à bord du bateau enchantés par cette merveilleuse parenthèse ornithologique.
Les « Gardiens des Sounds », un combat au quotidien pour préserver la région
De par leurs racines familiales profondément ancrées dans les Marlborough Sounds, Pete et Takutai ont développé un sens éco-citoyen aigu et sont investis depuis plus de 20 ans pour la protection de leur région. Après les ravages causés par l’introduction des ferries rapides inter-îles, Pete a créé un groupe de surveillance de l’environnement très efficace appelés les « Gardiens des Sounds ». « Les ferries naviguaient dans les Sounds à près de 50 nœuds : une vitesse très dommageable pour l’écosystème marin » nous explique Pete qui après un long combat – il s’est notamment fait licencier trois fois ! – est parvenu avec son équipe à faire valider un décret en l’an 2000 contraignant les ferries à naviguer à une vitesse de 18 nœuds. Une belle victoire pour Pete qui demeure néanmoins pessimiste face à la dégradation environnementale de sa chère région. Durant notre croisière, nous avons effectivement pu constater que les montagnes ne sont pas toutes aussi préservées que sur les dépliants touristiques, certains flancs de collines étant saignés à vif par des routes, tandis que d’autres sont dépouillées de leur bush originel ou envahis d’immenses plantations de sapins.
L’extension de l’élevage de saumons
Mais ce qui préoccupe le plus Pete et Takutai, c’est l’élevage de saumons (principalement le saumon royal Oncorynchus tshawytscha) qui a débuté en 1981 et a augmenté rapidement depuis 1990. Les saumons sont élevés au large de l’île Stewart et dans les Marlborough Sounds, où NZ King Salmon Ltd, appartenant à la famille malaisienne Tiong, produit actuellement près de 60% (7.500 mt) de la production nationale totale de saumon sur une superficie totale d’environ 5 ha à la surface.
NZ King Salmon a fait une demande pour l’occupation de nouveaux espaces marins publiques dans les Marlborough Sounds pour étendre sa production sur huit nouveaux sites, qui devraient couvrir une superficie totale d’environ 11 ha de surface. NZ King Salmon exploite actuellement cinq fermes d’élevages de saumon dans le Marlborough Sounds et a récemment acheté deux petits élevages de saumon dans la baie de Crail, Pelorus Sound.
D’après Pete, les 8 nouvelles zones visées par NZ King Salmon font partie de l’espace publique et ne sont pas appropriées pour l’aquaculture en raison de leur caractère écologique : « ces zones devraient être classées comme parc marin plutôt que d’être destinées à devenir un parc industriel qui provoquera inévitablement un déséquilibre des écosystèmes marins, comme c’est le cas pour les exploitations en cours ! »
Consultez le site pour plus d’information ou pour soutenir les Gardiens des Sounds