Particularités géographiques de Ouessant
C’est la terre la plus occidentale de la France métropolitaine. Plateau culminant s’élevant à 60 mètres au-dessus du niveau de la mer, Ouessant est une véritable île. Elle se trouvait déjà en situation insulaire, il y a 12 000 ans, à la fin de l’ère glaciaire. Dernier fragment occidental de la pénéplaine armoricaine, elle est séparée du continent par la faille du Fromveur, dont le courant marin froid et puissant est redouté par tous les navigateurs. Selon leur exposition aux vents et leur composition géologique (granit ou micaschiste), les côtes de l’île sont escarpées ou parées de jolies baies de sable blanc, mais toutes offrent un spectacle grandiose.
Si la côte sud est recouverte d’une végétation rase de landes, de bruyères et d’ajoncs, le vallon verdoyant d’Arland abrite les quelques rares arbres de l’île. Dans les jardins poussent des camélias, fuchsias, agaves, aloès et agapanthes qui s’épanouissent sous les embruns grâce à la douceur annuelle du climat.
Longue de huit kilomètres et large de quatre, l’île a une forme rappelant celle d’une pince de crabe, caractérisée par les deux pointes à l’ouest qui encadrent la baie de Lampaul, le village principal.
L’île compte près de 850 habitants (recensement de 2005). En un peu plus de 30 ans, de 1968 à 1999, la population Ouessantine a vu son nombre passer de 1800 habitants à 930, principalement du fait de l’émigration massive sur le continent.
Climat tempéré par l’influence maritime
Ouessant bénéficie de températures douces et régulières. L’île enregistre d’ailleurs l’une des plus faibles amplitudes thermiques de France : 8,5°C (moyenne de janvier : 9°C ; moyenne d’août : 17,5°C). Si les précipitations sont moins abondantes que sur le continent, les vents soufflent toute l’année avec une dominante d’ouest : le Kornog (ouest en breton) qui est un vent souvent violent. On compte une vingtaine de tempêtes par an en moyenne avec des pics en février, où les vents peuvent atteindre force 9 (41 à 47 noeuds) et plus sur l’échelle de Beaufort. Des « coups de tabac », avec des pointes de 180 Km/h ont plusieurs fois été enregistrés au sémaphore du Créac’h. L’île a notamment été sinistrée en 1930 et en 1960.
Politique environnementale des autorités locales
Avec ses étendues de bruyère sauvage et ses côtes déchiquetées par les vagues puissantes de la Manche et de l’Atlantique qui n’ont laissé que quelques rares plages de galets, Ouessant est une destination d’exception pour les amoureux du grand large et les naturalistes dans l’âme.
Une île protégée
Intégrée au parc naturel régional d’Armorique depuis 1969, l’île a été classée avec Molène « réserve de biosphère de la mer d’Iroise » par l’Unesco en 1988, et fait partie du Parc Marin d’Iroise créé en 2007. L’île est riche de plus de 500 espèces de végétaux et est considérée comme une réserve ornithologique très importante. Ouessant compte 150 à 200 espèces d’oiseaux résidents et accueille chaque année plus de 400 oiseaux migrateurs. Dès le printemps et jusqu’à la fin de l’été, le Centre d’étude du Milieu d’Ouessant et la Maison du Parc Régional d’Armorique proposent des animations nature qui permettent de découvrir l’avifaune et les milieux naturels d’Ouessant. Situé près du phare du Creac’h depuis 1984, le CEMO accueille toute l’année des observateurs amateurs et des scientifiques.
Traitement des déchets
Une déchèterie est désormais opérationnelle sur l’île.
Organisation, tri, recyclage… L’association environnementale Pointe Sud a mis en place une commission qui s’emploie à faire le point sur le respect du cahier des charges et des procédures. L’association se bat pour réhabiliter le superbe site de Penn ar Roc’h qui présente l’un des plus beaux points de vue de l’île et qui était utilisé comme décharge à ciel ouvert.
Electricité
À Ouessant, l’électricité est produite par 2 groupes électrogènes diesel qui consomment 1,8 millions de litres de fuel par an ! Pour réduire son approvisionnement énergétique couteux en raison de son isolement, un programme de maîtrise de l’énergie et de production d’énergies renouvelables a été mis en place en juillet 2009 par le Conseil régional de Bretagne, le Conseil général du Finistère, EDF et l’Ademe. Les Ouessantins ont reçu gratuitement des ampoules basse consommation ainsi que des économiseurs d’eau et bénéficient également d’une aide de 60% pour l’achat d’appareils de froid plus écologiques.
Le programme favorise également la production décentralisée d’électricité par énergies renouvelables. L’implantation par EDF dans les années 70 de deux éoliennes n’a pas été convaincante : la première n’a pas résisté aux tempête tandis que la deuxième n’a jamais été mise en service…
Le projet d’hydrolienne baptisée Sabella D10 est en cours. Elle sera immergée dans le Fromveur, le puissant courant marin qui borde l’île et qui peut atteindre 9 noeuds, soit 16 km/h. Actionnée par le flux et le reflux du courant, cette hydrolienne dotée d’une hélice de 10 mètres de diamètre pourra fournir jusqu’à 500 MW d’électricité par an, couvrant ainsi 40% de la consommation énergétique des Ouessantins. Dans le cadre du projet de ferme hydrolienne dénommée Eussabella, trois autres éoliennes sous-marines viendront ensuite compléter le dispositif.
Environnement maritime de l’île
Le passage du Fromveur et le Cross Corsen
Avec ses îlots, ses rochers à fleur d’eau et ses phares mythiques, il est considéré comme un des hauts-lieux de la navigation. Situé entre l’archipel de Molène et Ouessant, le passage du Fromveur enregistre de très violents courants, qui peuvent atteindre jusqu’à 9 nœuds localement. La navigation y est extrêmement dangereuse lorsque le vent est contre le courant, la mer se creusant considérablement. La navigation sans GPS et carte électronique n’est pas conseillée…
Depuis la catastrophe de l’Amoco Cadiz en 1978, une route spéciale baptisée « le rail de Ouessant » réglemente ce trafic maritime. La tour du Stiff est la base du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage de Corsen (Cross Corsen). Perchée sur un pilier en béton, surplombé de dizaines d’antennes et paraboles, l’équipe du centre guide les cargos dans le rail et organise les missions de sauvetage en cas d’avarie.
Les phares de Ouessant
Telle une pierre précieuse, Ouessant est couronnée par 5 phares qui font partie intégrante de son histoire.
L’île compte deux phares sur terre classés monuments historiques et surnommés les Purgatoires : Le Stiff construit en 1695, qui est le deuxième plus ancien phare de France encore en activité, et le célèbre phare du Creac’h mis en service en 1863, qui marque la coupure entre la Manche et l’Atlantique et balise le rail d’Ouessant. Identifiable par sa tour de 55 mètres de haut et ses bandes horizontales blanches et noires, c’est l’un des phares les plus puissants au monde avec une portée de 32 miles marins. Il pilote ou surveille les phares récemment automatisés.
Les phares de pleine mer sont surnommés les Enfers pour leur condition de vie rigoureuse. Le phare de Kéréon, dont le dernier gardien est parti en 2004, s’élève sur le récif de Men Tensel (pierre hargneuse en breton) dans le passage du Fomveur. A l’entrée du passage, le phare de La Jument vibre toujours sous l’assaut des vagues d’Iroise. Le Nividic est le point le plus occidental de France. Conçu à l’origine pour fonctionner automatiquement, il fonctionne à l’énergie solaire depuis 1996.
Particularités culturelles de Ouessant
« L’île des Femmes », tel est le nom qui pourrait être attribué à Ouessant dont l’activité économique était gérée par les femmes pour pallier à l’absence prolongée des hommes souvent embarqués au long court dans la marine d’Etat ou la marine marchande. Les Ouessantines tiraient alors leur subsistance de la culture, de la collecte d’algues et de l’élevage de quelques bêtes (moutons, vaches, cochons et chevaux rustiques de petite taille). Une partie de l’île était quadrillée de murets de pierres sèches dont certaines encore visibles aujourd’hui, pour protéger les cultures des assauts du vent et des embruns. Les maisons ont été conçues pour résister à de violentes intempéries et la plupart d’entre elles arborent encore aujourd’hui des façades blanches et des volets peints en bleu, deux couleurs traditionnellement liées à la Vierge Marie.
Aperçu historique
Dès la fin du XVIIème siècle, la marine de guerre « La Royale » s’établit à Brest et réquisitionne les hommes de l’île. Cet engagement forcé éloigne les hommes de l’île pendant de longues périodes. Les femmes prennent alors les rennes pour survivre, principalement grâce à l’agriculture. Les Ouessantins ont été de tous les combats lors des batailles livrées au XVIIIème siècle contre la flotte anglaise. Sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, ils ont souvent donné leur vie au « service du roi ». Plus tard, ils ont participé à l’aventure coloniale en s’embarquant dans la marine. A la fin du 19ème siècle, la majeure partie des habitants de l’île était soit pêcheur ou soit canotier des bateaux de sauvetage de la SNSM mis en service depuis 1865. Des Ouessantins se sont illustrés dans des sauvetages tels que ceux du « Drummond Castle » et du « Vesper », grâce à l’intervention de Rose Héré, devenue héroïne nationale. François Morin est une autre figure locale du sauvetage ouessantin. L’ancien canot de la SNSM portant son nom a été restauré et reconnu « bâtiment d’intérêt patrimonial » en septembre 2010 au titre des Monuments Historiques. En 35 ans de carrière à Ouessant, il a assuré 198 sorties de sauvetage (dont celui de « l’Amoco Cadix ») et 250 transports sanitaires.
Contexte économique maritime
Quelques pêcheurs seulement vivent à l’année sur l’archipel, mais les Ouessantins n’ont jamais pu faire de la pêche leur activité principale comme c’était le cas pour les îles voisines (Molène et Sein). Malgré la présence de fonds poissonneux au large, Ouessant ne compte aucun port naturel pouvant accueillir une flottille et ses abords maritimes peuplés d’écueils et de brisants sont très dangereux. Les Ouessantins se sont donc tournés vers la Royale, implantée à Brest à la fin du 17ème siècle, et plus tard vers la marine marchande. En l’absence des hommes partis en mer, les femmes géraient donc seules le quotidien, cultivant le seigle et l’orge, élevant chevaux, vaches et moutons et empierrant les chemins…
Jusqu’à la fin du 19ème siècle, les liaisons avec le continent étaient rares et l’île vivait en quasi autarcie. L’instauration d’une liaison régulière en bateau et l’augmentation des soldes des pères et époux ont conduit à l’abandon progressif de l’agriculture et de l’usage des sols. De même, le petit mouton noir de l’île élevé pour sa laine a cédé la place au mouton blanc élevé en liberté essentiellement pour sa viande.
Les premiers touristes débarquent dans les années 1850, leur nombre augmentant sensiblement en 1880 lors de la mise en service du premier bateau-courrier à vapeur, La Louise. Aujourd’hui, le tourisme est la principale activité économique de l’île qui accueille quelque 10 000 visiteurs chaque année. Source d’inspiration infinie, les paysages rudes et lumineux de Ouessant et son histoire singulière attirent également les artistes depuis la fin du 19ème siècle. Avec son film muet Finnis Terrae, Jean Epstein est le premier cinéaste à s’intéresser à l’île.
Festival à Ouessant
Les festivals Musiciennes à Ouessant et le Salon du Livre Insulaire sont devenus des rendez-vous culturels très prisés et ont permis de développer un tourisme qualitatif avec des séjours prolongés ; une tendance que les Ouessantins souhaitent aujourd’hui intensifier.
Le festival Ilophone, qui a lieu chaque année à la mi-septembre, a été créé dans le même esprit en dehors de la saison touristique. Le chanteur Christophe Miossec, dont le siège du fan-club se trouve sur l’île, est à l’origine de ce festival avec son ami Yann Tiersen, qui a notamment enregistré un album sur l’île.