L’île de Sein est située dans le Sud de la mer d’Iroise, à 8 km de la pointe du Raz dont elle est séparée par le Raz de Sein.
Elle fait partie d’une arête granitique dont la partie immergée se prolonge sur 25 km vers le large et forme la barrière de récifs appelée la chaussée de Sein, dont l’île constitue le point culminant.
Sein s’étend sur 2 km de long et sa largeur varie de 30 à 500 mètres. Elle est entourée de nombreux récifs et rochers ainsi que d’un îlot, Kélaourou, situé dans le prolongement sud-est de l’île.
Cette petite ’île finistérienne, en forme de « S » inversé ou d’hyppocampe, se distingue comme un cas extrême pour de nombreuses raisons : île basse, elle n’émerge qu’à hauteur de 1,5 mètre en moyenne, avec un point culminant à 9 mètres, elle est tout aussi exiguë (une soixantaine d’hectares), fortement découpée et exposée aux 360 degrés de la rose des vents, et est par conséquent particulièrement vulnérable aux tempêtes. La sensibilité de l’île au risque de submersion, mais aussi d’érosion, est extrême, tout particulièrement face au réchauffement climatique.
Le Parc naturel régional d’Armorique
Créé en 1969, le Parc naturel régional d’Armorique intègre l’île de Sein et vise à en assurer la connaissance du patrimoine naturel et la gestion de l’entretien des espaces naturels. Sur l’île de Sein, le PNRA gère actuellement le rapport de la Taxe Barnier, reversée à la Commune pour l’entretien des espaces naturels. Cette taxe est perçue sur le billet des passagers maritimes et les recettes sont affectées à la protection de l’environnement (loi du 2 Février 1995).
La Réserve de Biosphère d’Iroise
Depuis septembre 2013, l’île de Sein a rejoint Molène et Ouessant dans la Réserve de Biosphère d’Iroise. De ce fait, celle-ci devient Réserve de biosphère des Îles et de la Mer d’Iroise. Ce label est une reconnaissance de l’Unesco afin d’aider à promouvoir un développement durable basé sur les efforts combinés des communautés locales et du monde scientifique. Actuellement, 13 réserves de ce type existent en France. Les réserves de biosphère sont des lieux choisis en vue de servir de lieux d’expérimentation de diverses approches de gestion intégrée de la biodiversité et des ressources terrestres, marines, côtières, ainsi que des ressources en eau douce. Les réserves sont aussi des sites d’expérimentation et d’apprentissage du développement durable. La surface totale est désormais de 99 149 hectares et compte 1 324 habitants.
Le parc marin naturel d’Iroise
Premier parc marin en France, le parc naturel marin d’Iroise a vu le jour fin 2007 après de nombreuses années d’opposition et de débats. Ses missions principales étant connaissance, protection et développement durable du milieu marin. Il mène plusieurs actions sur l’Île de Sein tel que le travail avec le comité des pêches d’Audierne et les pêcheurs de Sein sur le cantonnement de la langouste rouge sur la Chaussée de Sein afin d’en reconquérir les stocks, le marquage de langoustes et homards pour étudier leurs déplacements (2012), le soutien financier pour la création d’une station d’affinage d’huîtres (création d’un emploi), des actions pédagogiques et de sensibilisation (accueil de classes de mer, découverte de l’estran et de la vie insulaire, diffusion gratuite de règlettes du pêcheur à pied et de fascicules sur les bonnes pratiques de la pêche à pied et le respect des tailles de capture).
Font également partie des actions de l’équipe du PNMI le suivi du champ d’algues (2008 à 2010) pour définir l’incidence de leur exploitation sur la repousse et le suivi de la qualité des eaux, mettant en relief l’incidence des courants et des bassins versants (La Loire influe sur la qualité des eaux autour de l’île !), la photo-identification des phoques et dauphins afin d’évaluer leur population et leurs déplacements, le comptage et suivi des oiseaux limicoles (depuis hiver 2010), le suivi du champ du blocs afin d’évaluer l’incidence des pratiques de pêche à pied (depuis 2011), le ramassage et suivi des macro-déchets (déchets venant s’échouer sur la laisse de mer) depuis 2010.
À noter la suspension de l’exploitation des bancs de Kafarnao (ensemble de dunes sous-marines formant une barrière naturelle et protégeant l’île de Sein en « cassant » les grandes houles océaniques. Ces bancs furent de hauts lieux de la pêche sénane jusque dans la fin des années 1980). La population sénane s’oppose farouchement à la poursuite de l’extraction de ce sable coquillier d’importance majeur pour les pêcheurs et pour la protection naturelle de l’île déjà bien assaillie par la mer…
L’association «Port d’intérêt patrimonial»
L’association «Port d’intérêt patrimonial» a été créée le 16 novembre 2011, à l’initiative d’une vingtaine de maires de communes littorales du Finistère, dans le but de protéger et de valoriser le patrimoine historique bâti de leur port. L’île de Sein est le premier port labellisé au sein de l’Association (12 décembre 2013).
Enfin grâce à son environnement exceptionnel et ses paysages marquants, l’île de Sein est classée parmi les «plus beaux villages de France».
Sein est une île de pêcheurs
Historiquement, Sein est une île de pêcheurs. La pêche aux crustacés (homard, langouste) fût florissante durant la première moitié du XXème siècle. L’île finistérienne accueillait même en été des marins paimpolais en nombre, venant profiter de la proximité des zones de pêche. Mais les modestes moyens humains et financiers des pêcheurs sénans n’ont pas suffi face à la modernisation et les hausses de coût (raréfaction de la ressource, crises pétrolières).
L’aquaculture, un secteur d’avenir pour l’île
Aujourd’hui, seul un pêcheur professionnel (ligneurs/caseyeurs) est encore actif.
Les coquillage de l’île de Sein est l’unique activité ostréicole de l’île. Créée en 2014 par un jeune couple, Marie Robert et Stanilas Jousseaume, l’entreprise pratique l’affinage d’huîtres et s’appuie sur l’excellente qualité des eaux sénanes et l’image forte du parc marin naturel d’Iroise. Les huîtres sont vendues directement au point de vente dans une cabane de pêcheur située près du quai des Français libres – des dégustations y sont souvent proposées aux touristes. On les trouve également dans les plats des chefs de l’île et elles sont vendues aussi aux poissonniers et restaurateurs du continent.
Un projet de culture d’algue est également en cours. Méristème, une société de recherche et développement en algoculture vient de s’installer dans une ancienne écloserie de homards sur l’île vacante depuis quinze ans. Patrick Plan et sa femme Marie-Dominique – qui ont déjà créé l’entreprise d’algoculture et de transformation Aqua-B à Lesconil (Finsitère) – y cultiveront des algues, sans aucun impact environnemental.
Les secteurs de la pêche et l‘aquaculture constitue une source de diversification viable pour l’économie de l’île de Sein.
Naufrages d’antan, courage des pêcheurs résistants et sauvetages des héros de la SNSM
Souvents décrits tout au long du 17ème siècle, comme des pilleurs, les habitants de l’île de Sein vont devenir aux yeux des institutions et des marins de véritables sauveteurs en mer. Le nombre élevé de naufrages sur l’île tout au long du 18ème siècle va forger dans cette communauté de pêcheurs une identité et des spécificités face aux accidents maritimes.
190 épaves ont été recensées entre la Pointe du Raz jusqu’au bout de la chaussée de Sein
Marins habiles et audacieux, les Sénans ont su s’illustrer tout au long de leur histoire dans le sauvetage en mer. Ces actes d’héroïsme valurent à la population de l’île d’être exemptée d’impôt foncier.
Dès le mois de juin 1940, sur les 400 hommes qui rejoignent le général de Gaulle après son appel, 130 viennent de l’île de Sein, soit la presque totalité des hommes valides de l’île qui est, en raison de cet engagement, faite Compagnon de la Libération en 1946.
La commune française la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale
L’île de Sein est au titre de la Seconde Guerre mondiale la commune française la plus décorée, ayant reçu la croix de la Libération, la croix de guerre 1939-1945, et la médaille de la Résistance.
Seul témoin encore flottant de cette époque de la résistance, le Corbeau des Mers est un ancien langoustier, classé Monument historique en 1991. Propriété du musée de la Résistance bretonne de Saint-Marcel, il vient d’être restauré au chantier Tanguy de Douarnenez. Construit en 1931 pour le patron-pêcheur Pierre Cuillandre, il s’est illustré, de même que le Rouanez-ar-Péoc’h et le Maris Stella, en répondant à l’appel du 18 juin du général de Gaulle en 1940. Ainsi le e 26 juin 1940, Pierre Cuillandre et 27 Sénans ont navigué vers Newlyn en Angleterre pour rejoindre les forces françaises libres.