Une mission scientifique d’envergure pour explorer les espèces marines méconnues des eaux martiniquaises riches d’une belle biodiversité
L’expédition a pour objectif de renforcer la connaissance actuelle de la biodiversité marine en Martinique par un inventaire quasi exhaustif des espèces qui sont encore méconnues (algues, éponges, mollusques, crustacés, échinodermes, ascidies…). Elle affiche une volonté des décideurs et gestionnaires de disposer d’une meilleure connaissance des écosystèmes marin afin de mieux les préserver.
«L’âge d’or de l’exploration, c’est aujourd’hui !»
Nommé Madibenthos, ce projet fait partie du programme « Acquimart » d’acquisition de connaissances sur le milieu marin, piloté par l’agence des aires marines protégées, la direction de l’environnement de l’aménagement et du logement, l’office de l’eau, la direction de la mer et la collectivité territoriale de Martinique. «Inventorier la biodiversité était une idée devenue désuète», énonce Philippe Bouchet, explorateur naturaliste et chef de l’expédition pour le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN). Mais «dans les années quatre-vingt, le regard a changé. Nous nous sommes rendus compte qu’il manquait encore 80% des espèces à inventorier sur terre et, grâce à l’effondrement des coûts des analyses ADN, tout est devenu possible. L’âge d’or de l’exploration, c’est aujourd’hui !».
De 13 nationalités différentes, chercheurs, étudiants, amateurs de haut niveau et techniciens (logisticiens, personnels administratifs, pilotes d’embarcations,..) constituent le gros des équipes de participants à cette expédition hors normes (un tiers sur le terrain et deux tiers en laboratoire).
Exploration des deux côtes Caraïbe et Atlantique dont les récifs frangeants sont méconnus
Les prospections seront principalement concentrées dans la tranche de 0 à 40 mètres de profondeur. Au menu de la pêche à pied, des plongées couplées à des méthodes de prélèvement innovantes (paniers de brossage, aspirateur sous-marin) et le déploiement de petits engins de pêche pouvant aller jusqu’à 120 mètres.
Tous les types d’habitats vont être échantillonnés (mangroves, estuaires, fonds meubles, herbiers de plantes marines, algues, communautés coralliennes, grottes sous-marines…), sur les deux côtes Caraïbe et Atlantique. Le premier volet de l’expédition va explorer jusqu’au 21 septembre la côte Caraïbe, et le second va inventorier la côte Atlantique du 25 septembre au 11 octobre 2016. La côte Caraïbe est connue pour ses communautés coralliennes riches mais dépourvues de constructions récifales, à l’exception de sa partie méridionale. Battue par les houles, la côte Atlantique, ou côte «au vent», abrite des récifs barrières ou frangeants, très peu connus du fait de leur accès plus difficile.
La mission ambitionne également de sensibiliser le grand public à la beauté et à la richesse du patrimoine naturel marin, au travers de nombreuses actions de communication et de valorisation.