Un message de réflexion sur l’évolution de l’humanité depuis les océans
D’ici l’été 2016, 250 statues reposeront par dix mètres de fond à quelques mètres de la Playa Blanca, sur l’île de Lanzarote. Accessible aux plongeurs, aux sous-marins touristiques et aux bateaux à fond de verre, ce musée sous-marin – le premier du genre en Europe -, est signé Jason deCaires Taylor. A travers cette installation singulière, le célèbre artiste britannique, représente avec une intensité rare les trop nombreux migrants qui s’échouent et se noient avant d’atteindre l’Europe.
Au-delà du mémorial, l’oeuvre de Taylor appelle à réfléchir à la responsabilité collective et à agir…
L’installation phare de ce musée sous-marin est sans conteste « Le Radeau de Lampedusa », un bateau transportant 13 réfugiés sculptés – une version moderne du Radeau de la Méduse de Géricault peint en 1818. Juste à côté, l’installation intitulée « Le Rubicon », représente un groupe de 35 personnes ordinaires, certaines prennent des selfies, tandis que d’autres sont collées à leurs portables, et d’autres brandissant un iPad ou pointent un appareil photo. Tout le monde – le bateau et ses passagers comme la « génération Facebook » – se dirigent vers un point de non-retour. Une représentation directe de notre société passive plongée dans l’ère de la communication. Le message de l’oeuvre globale est sans équivoque et nous interpelle : où allons-nous avec nos têtes enfouies dans les médias sociaux, la signature de pétitions en ligne pour le changement sans agir par nous-mêmes, le slide à droite sans lever les yeux et regarder autour…?
L’oeuvre évolue au gré des colonisations par les coquillages, algues et coraux
Après un premier parc de sculptures sous-marines en 2006 sur l’île de la Grenade, suivi du musée sous-marin de Cancun, le sculpteur sous-marin dont la renommée internationale ne cesse de s’étendre, nous livre dès l’été prochain aux large des îles Canaries une installation encore plus profonde. D’après l’artiste, cette installation vise à « faire réfléchir à notre responsabilité collective et à sensibiliser aux menaces pesant sur les océans de la planète ».
Le second objectif des installations de Taylor est écologique. Très engagé dans la lutte contre la pollution des océans, l’artiste conçoit ses installations comme des refuges pour la faune et la flore. Conçues avec des matériaux non polluants pour l’environnement, ses oeuvres visent à être assimilées par l’océan et transformées pour continuer à évoluer au gré des courants et des colonisations par les coquillages, algues et coraux. L’oeuvre fait partie intégrante de la nature.