Particularités géographiques de l’archipel des Glénan
Situé à environ 10 milles marins (18 Km) au Sud de Fouesnant, l’archipel est composé de 9 îles principales et d’une dizaine d’îlots éparpillés sur 6 km d’est en ouest et 4 du nord au sud. L’étymologie « Glénan » évoquerait un cercle de mer ou une chambre… Les îles forment effectivement un cercle, avec en son centre, une sorte de lagon baptisé « la Chambre », bordée par les îles Saint-Nicolas, Drénec, Bananec et Cigogne.
Les eaux y sont d’une clarté absolue pour le plus grand bonheur des plaisanciers qui y affluent pendant la saison estivale. La transparence de l’eau des Glénan est due en partie à la présence de bancs de maërl, une algue marine calcaire qui, en se décomposant, contribue à la blancheur du sable.
Le temps de traversée varie entre 2 et 3 heures pour un voilier en moyenne, tandis qu’il faut compter seulement 15 à 30 minutes avec une vedette à moteur depuis la côte la plus proche.
Climat tempéré océanique
En raison de l’influence du Gulf Stream, l’archipel bénéficie d’un micro climat et présente des précipitations moins importantes que sur le continent et des amplitudes thermiques plus faibles.
Les températures de l’eau moyenne hivernale varient entre 7°C et 10°C, tandis que la moyenne estivale varie entre 14 et 18°C en août. Une thermocline s’installe vers -15/-18 m en été. Le marnage moyen est de 2,96 m.
Les vents dominants étant de secteur SSW, peu de zones sont abritées dans l’archipel, hormis la Chambre et la partie Est. Les vents sont globalement plus forts que sur le continent.
Politique environnementale des autorités locales
Sans poteau électrique, ni voiture, ni asphalte, l’archipel s’inscrit naturellement dans un esprit de développement durable.
La municipalité de Fouesnant, dont l’archipel dépend administrativement, a dû trouver des solutions pour préserver son patrimoine naturel et répondre aux besoins du tourisme.
Entre 1995 et 2000, elle a porté le projet Life « Gérer l’environnement pour un tourisme durable » qui a permis de mettre en oeuvre des solutions complémentaires pour mieux gérer la consommation d’eau et d’énergie et le traitement des déchets.
Les équipements installés ont offert l’occasion de sensibiliser l’ensemble des usagers de l’archipel aux spécificités environnementales et ont contribué à modifier le comportement des visiteurs.
Si le succès de Life a permis une amélioration de la gestion environnement de l’archipel, il est à déplorer que le programme ne se soit pas prolongé, et que les installations n’aient pu être rénovées.
L’électricité
Depuis 1985, EDF utilise l’archipel comme une vitrine pour promouvoir son parc d’éoliennes et de panneaux solaires. Adapté au milieu insulaire, le parc alimente les quelques infrastructures d’accueil des îles principales. L’originalité du système réside dans la régulation de l’ensemble, la production éolienne et le photovoltaïque assurant la quasi-totalité de la production. L’installation de production électrique de Penfret comprend par exemple 120 panneaux photovoltaïques câblés en 120 volt et une éolienne avec des pales de 7 mètres de diamètre, fournissant chacun jusqu’à 20 000 wh par jour, selon le vent et l’ensoleillement. Pour compléter le dispositif, 60 batteries, soit 120 volts au total, permettent de stocker 1 870 000 wh.
La consommation moyenne quotidienne en été s’élève à 15 300 Wh et si la production est faible par manque de vent ou de soleil, l’installation permet une autonomie de 5 jours.
L’ensemble de la centrale a été réhabilité par la commune de Fouesnant grâce au programme Life « gérer l’environnement pour un tourisme durable ». Cependant, le parc tend à devenir obsolète et le système éolien n’est pas optimal puisque la consommation d’électricité est beaucoup plus importante pendant l’été, alors qu’il s’agit de la période de l’année la moins ventée. Le système de production d’énergie des Glénan est en train d’être repensé pour assurer la sécurité d’approvisionnement dans le même esprit durable.
L’assainissement
Une fosse septique est reliée sur St-Nicolas à un plateau tellurien. Le traitement est difficile car l’eau est saumâtre dans les sanitaires. À l’avenir, un système d’assainissement sur roselière devrait voir le jour.
Les macro-déchets
Les détritus sont évacués par barges pendant l’été. Afin de limiter le volume des déchets à ramener sur le continent, la municipalité a mis en place une campagne de sensibilisation invitant les visiteurs à ramener leurs déchets. Pour ce faire, les poubelles ont été éliminées sur l’île de Saint-Nicolas.
Un site naturel préservé
L’archipel des Glénan constitue un système écologique très riche, tant au niveau terrestre qu’au niveau marin, avec des équilibres très subtiles entre les îles, les lochs, les îlots, les écueils, l’hydrodynamisme associé, la diversité des modes d’exposition, la végétation et la distance au continent. L’avifaune des Glénan comprend un total de 33 espèces nicheuses, tandis que 105 autres espèces sont uniquement migratrices ou hivernantes.
Le phoque gris et le grand dauphin utilisent régulièrement le secteur de l’archipel comme zone d’alimentation tandis que le marsouin commun n’est qu’un visiteur occasionnel. D’autres espèces remarquables comme le requin pèlerin, le dauphin de Risso, le globicéphale noir, le rorqual commun et l’orque épaulard sont également observés occasionnellement.
L’archipel bénéficie aujourd’hui de différentes mesures de protection juridique. La totalité de l’archipel est classée en Site Naturel Classé depuis le décret du 18 octobre 1973. Tous les travaux susceptibles de modifier l’état ou l’aspect des lieux sont interdits ainsi que le camping et la publicité.
La réserve naturelle
Le secteur de Saint-Nicolas est géré par l’association Bretagne Vivante dans le cadre de la Réserve Naturelle créée en 1974 pour protéger le narcisse des Glénan.
Véritable curiosité botanique, cette fleur ne pousse que sur l’archipel, et seulement à certains endroits vers fin mars-début avril.
Découverte par un pharmacien de Quimper en 1803, le Narcisse des Glénan n’a cessé d’attirer l’attention des botanistes et badauds qui viennent de très loin pour en observer la floraison. D’une taille variant entre 15 et 40 cm de haut, le Narcisse des Glénan présente des feuilles étroites et des fleurs blanchâtres et inodores et est considéré comme la plante la plus rare du Massif Armoricain et l’une des plus rares d’Europe.
Depuis 1997, un périmètre de protection est instauré autour de la réserve naturelle sur tout l’espace non construit de Saint-Nicolas et sur les îlots de Brunec, du Veau et de la Tombe.
Les terrains de la réserve naturelle appartiennent au Conseil général du Finistère et sont gérés par la SEPNB, l’association de protection de l’environnement la plus influente en Bretagne.
Site Natura 2000
À ce classement s’ajoute aujourd‘hui le périmètre Natura 2000, qui est un réseau européen de sites naturels protégés.
L’archipel des Glénan est concerné par 2 directives européennes, à savoir les Zones Spéciales de Conservation (pour protéger et gérer les milieux naturels, plantes, espèces animales rares et vulnérables) et les Zones de Protection Spéciale. L’archipel jouant un rôle important pour la reproduction des sternes, du Gravelot à collier interrompu et de l’Huîtrier pie.
La totalité de l’archipel y compris l’île aux Moutons est concernée par ces 2 directives, soit environ 5 300 hectares, dont 98% de domaine maritime.
Protection des bancs de maërl
Les Glénan abrite l’un des gisements de maërl les plus importants d’Europe. Ce corail breton est issu de la sédimentation d’une petite algue rouge qui a mis des milliers d’années à se constituer.
Naturellement riche en calcium et en magnésium, le maërl est aujourd’hui surexploité, principalement pour le traitement du lisier, l’alimentation animale et sert surtout pour le traitement de l’eau potable. Considéré comme ressource non renouvelable, le maërl des Glénan est protégé comme espèce par Natura 2000 et comme habitat par la Directive européenne Habitat.
Malgré cette protection, l’État avait octroyé une dernière concession aux Sabliers de l’Odet et à la Compagnie Armoricaine de Navigation. Les deux sabliers ont ainsi exploité le gisement de maërl des Glénan à hauteur de 45 000 tonnes par an dans une zone de 50 hectares.
Les pêcheurs, les associations écologistes locales et les élus locaux se sont opposés à l’extraction industrielle de ce corail qui se reproduit bien plus lentement qu’il n’est extrait et sont parvenus à obtenir la fermeture définitive du site en 2011.
Epreuves nautiques remarquables de l’archipel
Rallye Nautique Glénans
Le Rallye nautique Glénans ; c’est le rendez-vous incontournable des passionnés de voile et de l’archipel des Glénan. Près d’une trentaine de bateaux participe à l’évènement qui se déroule en général durant 4 jours au début du mois de juin au départ de Concarneau.
Entre les parcours «bananes» et côtiers, les participants doivent enchaîner huit courses.
L’inscription se fait individuellement ou par équipage et la navigation est proposée à bord de bateaux «Glénan» de 9 à 11 mètres (Sun Fast 37, Glénans 33, Sun Fast 32i, lan 31) avec un encadrement assuré par des chefs de bord qualifiés de l’école de voile des Glénans, mais il est également possible de participer avec son propre bateau.
Cata Fun
La Cata Fun organisée par le Centre Nautique des Glénans, se déroule chaque année pendant le WE de Pâques.
La régate est ouverte à tous, sans restriction de niveau. Loin de la compétition, l’objectif est de parcourir le lagon en catamaran (Hobie Cat 16) au travers d’épreuves nautiques afin de découvrir les Iles de l’Archipel. Partager les plaisirs de la navigation et de la glisse dans un esprit d’équipe et une ambiance conviviale, tel est le but de ce WE.
L’activité économique de l’archipel, d’hier à aujourd’hui
La production de soude
A la fin du XIXe siècle, la production de soude pour les verreries et savons, par brûlage des grandes laminaires brunes, faisait vivre près de 70 goémoniers dans l’archipel.
Une fosse dallée de pierres qui servait à brûler le goémon est encore visible à la point ouest de Saint-Nicolas, tout comme la cheminée en brique rouge du Loc’h qui sert aujourd’hui d’amer. L’industrie cessa au début du XXe siècle face à la concurrence du Chili.
La pêche
L’archipel a longtemps été un abri pour les pêcheurs. Au XIXe siècle, le vivier de Saint-Nicolas était le plus grand de France pour les homards et les langoustes.
Aujourd’hui, l’archipel est fréquenté quotidiennement par deux pêcheurs professionnels et fréquemment par quelques autres qui y font escale et par de nombreux pêcheurs loisir.
Pour chaque type de pêche, un système de licence a été mis en place. Le comité régional peut ainsi fixer pour chaque campagne un contingent de licences, des dates d’ouverture et de fermeture de pêche, ainsi qu’un calendrier et des horaires de pêche, des quotas de pêche globaux et par licence, des zones obligatoires de tri de la pêche, les caractéristiques particulières des navires autorisés à pratiquer cette activité, les caractéristiques des engins de pêche, les tailles marchandes…
L’archipel se situe dans la «bande littorale des trois milles». Le chalutage y est donc interdit.
Le tourisme et les loisirs
Attirés par les eaux limpides, les mouillages paradisiaques, le microclimat de l’archipel et sa proximité, de nombreux plaisanciers fréquentent l’archipel.
Le tourisme et les loisirs sont désormais les activités principales. Pendant la saison estivale, les vedettes débarquent chaque jour en moyenne 550 personnes (Peuziat, 2003). Les jours de forte affluence, entre le 15 juillet et le 15 août, la fréquentation peut atteindre 1300 débarquements à la journée !
Seuls deux restaurants accueillent les touristes qui pour la plupart se contente d’un tour de l’île et d’une séance de bronzage sur la magnifique plage de sable blanc. Des sorties-nature sont organisées par l’office de tourisme de Fouesnant et des kayaks sont proposés par la compagnie «Vedettes de l’Odet» et par les deux restaurants de Saint-Nicolas pour découvrir l’archipel. Le centre nautique des Glénans propose des stages à la semaine et le Centre International de Plongée propose des formations et des explorations dans l’archipel.
Particularités culturelles de l’archipel des Glénan
Jadis propriété des Moines de l’Abbaye de Saint-Gildas de Rhuys, puis repère de corsaires, base militaire, site industriel de soude, de séchage de sardines et de lieus ou encore aire de pêcheurs de homards et terrain de recherches scientifiques…
Les Glénan ont attiré toutes sortes de population.
C’est durant la seconde moitié du 18e siècle, lors de la construction du fort de l’Île Cigogne qui compta jusqu’à une centaine d’hommes, que l’archipel a accueilli le plus grand nombre d’habitants.
En 1891, l’archipel comptait 85 habitants sédentaires dont 15 pêcheurs et 6 cultivateurs. Près de 70 habitants vivaient encore aux Glénan de façon permanente en 1976, entre le gardien de phare et sa famille, les pêcheurs et les cultivateurs qui produisaient du blé, des pommes de terre et du chou et qui élevaient quelques animaux.
Aujourd’hui, seules 4 personnes – dont deux pêcheurs professionnels – vivent dans l’archipel tout au long de l’année. Quelques maisons sont construites sur l’île Saint-Nicolas, mais toute nouvelle construction est désormais interdite.