Plus de 11 millions de personnes dépendent des sites classés pour subvenir à leurs besoins, se soigner, travailler
Actuellement, près d’un site classé sur cinq accueille dans son périmètre une concession d’hydrocarbure, malgré l’engagement pris à partir de 2003 par certaines grandes compagnies minières et pétrolières (notamment Shell, Total, Tullow) de s’abstenir d’y mener leurs activités.
Un cinquième des lieux classés, situés dans le milieu marin, pâtissent globalement de la surpêche. Dans la région des Caraïbes notamment, le déclin des poissons herbivores conduit à l’effondrement prévisible des récifs coralliens, progressivement recouverts d’algues.
L’Unesco a rappelé à l’ordre l’Australie où l’état de la Grande Barrière de corail se détériore à grande vitesse
WWF a mené cette campagne en s’appuyant sur le cabinet d’experts Dalberg Global Development qui a recoupé de nombreuses données. Les sites qu’elle considère comme les plus exposés correspondent en bonne partie à ceux que l’Unesco a épinglés dans sa liste du Patrimoine mondial en péril, mais pas uniquement.
L’Unesco, qui a été prévenue de cette campagne, n’a pas la même latitude pour mettre les États devant leurs responsabilités. Il arrive qu’elle rappelle à l’ordre un gouvernement, comme cela a été le cas ces derniers mois vis-à-vis de l’Australie où l’état de la Grande Barrière de corail se détériore à grande vitesse. Mais il est difficile du point de vue diplomatique de prendre de front tous les pays coupables de laxisme vis-à-vis de leur patrimoine exceptionnel. Ce sont eux qui demandent le classement d’une de leurs réserves naturelles, d’une région remarquable. C’est ensuite que la situation se détériore. Un grand barrage hydroélectrique par-ci, un permis de bétonner par-là : au nom de la logique économique, c’est une vision de court terme qui s’impose.
Pourtant, «la protection des aires naturelles et des écosystèmes ne fait pas obstacle au développement», écrit Marco Lambertini, directeur général du WWF International. «Au contraire, elle va dans le sens d’un développement soutenable et robuste qui profite sur le long terme à la nature et à l’homme et contribue à la fois à la stabilité sociale, la croissance économique et le bien-être de chacun».